09 Mai Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir
Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir
Vous connaissez sans doute ce dicton « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Ce dicton, c’est une phrase de Jésus (Ac 20, 35) et s’il est toujours rapporté, bien au-delà de la sphère chrétienne, c’est sans doute parce que c’est important, même si ce n’est pas évident à comprendre, surtout dans notre société de consommation où on aime bien acheter ou recevoir des choses nouvelles.
L’expérience de la maturité
Pourtant quand on y pense on s’aperçoit que :
- Quand on est enfant, on attend Noël pour recevoir des cadeaux. Quand on est parents, on attend Noël pour faire des cadeaux à ses enfants et voir leur joie quand ils ouvrent les cadeaux.
- Quand on rentre aux louveteaux/jeannettes ou aux scouts/guides, notre joie c’est de profiter des super grands jeux et veillées organisés par les chefs, quand on est chef, notre joie, c’est d’organiser des grands jeux et des super veillées pour que tous et en particulier les plus jeunes soient super heureux d’y avoir participé.
- Quand on est étudiant, notre joie c’est de recevoir un bon cours avec plein d’idées nouvelles. Quand on a fini les études et qu’on se met à enseigner notre joie c’est que les étudiants puissent profiter à leur tour de toutes les découvertes qu’on a pu faire.
- Quand on est séminariste, notre joie c’est qu’une célébration nous touche personnellement, qui nous donne des émotions, qui nous fasse du bien. Quand on est prêtre notre joie c’est qu’à la fin de la célébration les paroissiens nous disent qu’ils ont été touchés par la messe, qu’ils ont pu approfondir leur foi, vivre un beau moment avec le Christ.
- Quand on est un jeune couple, notre joie c’est de fonder une famille et d’avoir enfin un appartement, une maison à nous. Quand on est retraité, notre joie c’est que nos enfants puissent à leur tour avoir une maison et fonder une famille.
C’est donc une expérience de la maturité et de l’amour qui s’approfondit : si on aime bien recevoir au début, avec l’expérience il y a plus de joie à donner qu’à recevoir.
Le renversement de la foi
C’est pareil dans la relation avec Dieu et dans la foi. Au début notre désir c’est que ça nous fasse du bien, que ça réponde à nos besoins personnels, que ça nous apporte la paix et le réconfort… mais plus on grandit dans la foi, plus on entre dans la confiance, plus on s’aperçoit que ce qui peut nous rendre heureux dans la vie chrétienne, ce n’est pas de recevoir personnellement, c’est de pouvoir donner, de pouvoir nous donner, que d’autres autour de nous puissent découvrir la force de la foi qui nous habite, c’est de de pouvoir aimer les autres comme le Christ nous aime.
C’est ce renversement que le Christ veut partager à ses disciples, eux qui attendaient l’arrivée du Messie pour qu’ils répondent à leurs attentes. Le Christ leur dit : le messie est là, mais maintenant, ce qui va vraiment vous permettre d’avancer dans la foi c’est de franchir une autre étape qui est de donner à votre tour ce que vous avez reçu.
L’amour de Jésus pour le monde
L’amour de Jésus pour le monde c’est cela :
- Sa vie publique n’a été qu’une vie pour les autres : une vie nomade, sans confort. Quand on voulait l’installer quelque part où il avait fait des miracles pour en faire un roi, il se retire pour aller dans d’autres villages.
- Il ne cherche pas les compromis avec les chefs religieux : il leur dit ce qui est bon pour eux et non pas ce qu’ils voudraient entendre.
- La joie de Jésus, ce n’est pas d’être heureux dans sa mission de Messie, ni que tout le monde lui obéisse, ni de vivre dans le confort matériel… ça ce sont les tentations…
- Mais sa joie profonde c’est lorsque ses disciples reviennent de mission, tout content d’avoir pu annoncer le royaume de Dieu, c’est quand Zachée un publicain a décidé de donner la moitié de son argent aux pauvres, c’est quand cette femme qui a touché son vêtement pour être guérie lui dit qu’elle sait qu’il peut le sauver, c’est quand le criminel qui est crucifié à côté de lui, comprend que Dieu peut encore lui pardonner.
- Sa joie profonde c’est d’aimer en se faisant serviteur, en allant même jusqu’à donner sa vie pour les autres, comme des parents vont sacrifier leur temps et leur force pour un enfant malade, comme les chefs et cheftaines vont sacrifier une partie de leur nuit pour que l’intendance du camp et le grand jeu soit parfait le lendemain.
Alors Jésus nous le dit aujourd’hui : si vous voulez être heureux dans la foi, ne cherchez pas d’abord à recevoir, mais à donner. On est déjà aimé par Dieu, Jésus a donné sa vie pour nous… pas besoin de rester centré sur notre petit bonheur.
L’expérience de Pierre avec le centurion Corneille
Dans la première lecture on entend l’histoire de Pierre qui comprend que l’Esprit Saint lui demande d’accepter de rencontrer un centurion de l’armée romaine qui demande à le voir. C’est un païen et donc Pierre sait qu’il risque de ne pas pouvoir respecter les règles alimentaires des juifs et en plus c’est un centurion romain… à quelques mois après l’arrestation et la crucifixion du Christ… ça fait peur. Si Pierre était centré sur son propre confort religieux, c’est clair il n’irait va pas. Mais puisque Pierre a compris qu’il n’a rien à perdre, que son rôle c’est désormais d’être là pour les autres et qu’il comprend que l’Esprit l’appelle à y aller… il y va.
Et, à sa grande surprise, à peine il commence à parler, qu’il voir que l’Esprit de Jésus est présent chez ces païens et il les baptise dans la joie.
Sa joie c’est de voir que Jésus a donné sa vie non seulement pour les juifs, mais aussi pour le monde entier et que sa vie désormais est consacrée à cette bonne nouvelle.
Et nous qui sommes les amis du Christ
Nous sommes les amis du Christ, il nous a choisis et donc on peut avancer avec confiance : ne cherchons pas à vivre notre foi pour nous, mais pour les autres, ne cherchons pas à prier pour nous, mais pour les autres…
Ne cherchons pas d’abord à être aimés, mais à aimer et n’hésitons pas à franchir ce cap : peu importe ce que l’on pense de nous, donnons et aimons. Voici mon commandement dit Jésus : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. C’est à l’amour que vous aurez les uns les autres qu’on vous reconnaîtra comme mes disciples.