« Retrouver la confiance ! »

«C’est à vous ! » me dit le réalisateur. Je monte sur scène, la musique d’ambiance s’arrête, d’énormes projecteurs m’aveuglent et je prononce le plus naturellement possible un petit mot de bienvenue pour les 1500 spectateurs venus écouter Laurent Voulzy à Saint-Sulpice. Pour la plupart, ils ont entre 40 et 60 ans. « Vous devez être content d’avoir du monde dans votre église ! » me dit l’un deux qui ne pratiquait plus et ne pensait plus que l’église puisse être encore vivante.

C’est en pensant à lui et aux nombreuses personnes de culture chrétienne, qui ne croient plus que l’Église a quelque chose à leur apporter dans leur vie quotidienne, que j’ai décidé d’introduire le concert, les quatre soirs de suite.

Inviter le public à se sentir chez lui dans cette église, où la spiritualité et la musique se rejoignent de manière habituelle et souligner l’importance de la dimension spirituelle du concert m’a semblé être une démarche très importante pour témoigner de la capacité de notre église à accueillir les aspirations de chacun, même si elles sont éloignées des formes classiques de participation à la vie de l’Église.

Les interventions de Laurent Voulzy et ses chansons permettaient, de fait, d’entrer dans une expérience spirituelle, profitant de ce lieu incroyable, particulièrement propice à recevoir des paroles sur l’amour, la contemplation de la création, l’attention aux pauvres, sur l’au-delà… Une des chansons intitulée « Jésus », dédiée aux personnes de la rue, était d’ailleurs le fruit de sa rencontre avec le père Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, et l’abbé Pierre. En fin de concert, l’interprétation magistrale d’Amazing Grace avec chœurs et cornemuses est venue appuyer encore cette dimension. 

Un tel concert aura-t-il favorisé un rapprochement effectif entre les spectateurs et l’Église ? Difficile de le savoir, mais cette question rejoint une des préoccupations majeures de notre session de rentrée du conseil pastoral.
Il est absolument nécessaire de rendre compte de notre foi, de la force de la ferveur chrétienne, à des hommes et des femmes qui ne voient pas en quoi l’Église pourrait répondre à leur attente, et qui pourtant, surtout à partir de la cinquantaine, ont une vraie quête de sens et une ouverture à la question spirituelle. Cela est particulièrement vrai dans notre quartier où résident beaucoup de personnes très sensibles à l’art et la culture.
Nous avons donc décidé de poursuivre tout au long de l’année le thème de la confiance abordé dans l’édito de la semaine dernière, avec cette invitation : « retrouver la confiance ».

Cette invitation touche tout le monde : retrouver la confiance en soi, dans les autres et en Dieu, favoriser les rencontres et les temps conviviaux pour accueillir les nouveaux et mettre en lien les personnes, témoigner de la ferveur qui se vit dans notre église en ouvrant davantage les portes (au sens propre comme au sens figuré), proposer aux couples qui ont vécu un chemin de découverte dans leur préparation au mariage ou au baptême d’un enfant de poursuivre ce chemin…
A nous d’inventer les formes de fraternité et de dialogue qui permettront au plus grand nombre de « retrouver la confiance ».

Henri de La Hougue