01 Mai 1er mai, fête des travailleurs
Instituée initialement en mémoire de la grève générale du 1er mai 1886 à Chicago, la fête des travailleurs a été adoptée progressivement par la grande majorité des pays au cours du XXe siècle. En 1955, le pape Pie XII, qui souhaitait soutenir les travailleurs chrétiens, institua le 1er mai la fête de saint Joseph artisan, en mémoire des années de vie cachée à Nazareth où Joseph apprit à Jésus son métier de charpentier.
De nombreux aspects de la condition de vie des travailleurs et du sens du travail humain ont été régulièrement abordés dans la doctrine sociale de l’Église catholique, depuis l’encyclique Rerum Novarum, en 1891, jusqu’à Fratelli Tutti, en 2020. On en trouve un bon aperçu dans le très riche Compendium de la doctrine sociale de l’Église (Cerf, Paris, 2006), concernant notamment la dignité du travail, le droit au travail, le droit des travailleurs et, d’une manière plus large, le respect de la dignité humaine et de la liberté personnelle, l’importance du bien commun et de la destination universelle des biens, l’importance des principes de subsidiarité et de solidarité.
Pour beaucoup de couples que nous préparons au mariage, le changement le plus observable dans les conditions de travail vient du développement considérable du télétravail depuis la crise sanitaire.
Aujourd’hui, beaucoup travaillent essentiellement chez eux, camera branchée en permanence, et casque sur la tête pour ne pas gêner le conjoint qui travaille dans les mêmes conditions dans la pièce d’à coté. Ils essaient d’arrêter de travailler à la même heure pour manger ensemble, le premier qui arrête préparant le repas. N’allant au bureau qu’une ou deux fois par semaine, ils acceptent d’avoir un temps de transport plus long pour préserver un cadre de vie plus agréable. Cependant, ils doivent apprendre à gérer cette proximité 24¬heures / 24 et un certain décloisonnement entre leur vie privée et leur vie professionnelle.
Du côté des cadres dirigeants, nous nous interrogions, lors de la dernière rencontre de notre équipe EDC (Entrepreneurs et dirigeants chrétiens), sur la difficulté de promouvoir, dans un tel cadre, les valeurs de l’entreprise comme lieu de solidarité et de croissance humaine. C’est plus difficile de favoriser un esprit d’équipe, surtout lorsque certains refusent d’être sans cesse observés et éteignent leur caméra, donnant priorité au confort personnel sur le bien commun de l’équipe. Le télétravail permet certainement de favoriser la confiance, la capacité d’initiative et la reconnaissance du travail bien fait, mais les règles de management doivent être sans cesse adaptées pour que le discernement et la réalisation du bien commun puissent se vivre dans un tel contexte.
Mais, étonnamment, nous avons trouvé que la prière des Bâtisseurs de cathédrale (du XIIIe siècle) gardait sa pertinence. En cette fête des travailleurs, n’hésitons pas à l’utiliser pour confier au Seigneur notre travail et celui de l’humanité.
« Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes pour travailler et à bien l’employer sans rien en perdre. Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule qui ronge. Apprends-moi à prévoir le plan sans me tourmenter, à imaginer l’œuvre sans me désoler si elle jaillit autrement. Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix. Aide-moi au départ de l’ouvrage, là où je suis le plus faible. Aide-moi au cœur du labeur à tenir serré le fil de l’attention. Et surtout comble Toi-même les vides de mon œuvre. Seigneur, dans tout labeur de mes mains laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour me parler à moi-même. Garde en moi l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais cœur. Garde-moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais d’orgueil. Purifie mon regard : quand je fais mal, il n’est pas sûr que ce soit mal et quand je fais bien, il n’est pas sûr que ce soit bien Seigneur, ne me laisse jamais oublier que tout savoir est vain. Et que tout travail est vide sauf là où il y a amour. Et que tout amour est creux qui ne me lie pas à moi-même et aux autres et à Toi Seigneur, enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras et toutes mes forces.
Rappelle-moi que l’ouvrage de ma main t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant. Que si je fais par goût du profit, comme un fruit oublié je pourrirai à l’automne. Que si je fais pour plaire aux autres, comme la fleur de l’herbe je fanerai au soir. Mais si je fais pour l’amour du bien je demeurerai dans le bien. Et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite. Amen »
Henri de La Hougue