22 Mai Vivre l’aventure de la foi avec l’Esprit Saint
En ce 6e dimanche du temps de Pâques, la liturgie nous ouvre déjà à cette dimension complémentaire de la résurrection : la vie dans l’Esprit Saint: « Je pars, dit Jésus, mais le défenseur, l’Esprit Saint que le père enverra en mon nom vous enseignera tout, vous fera souvenir de tout ce que j’ai dit ».
Le don de l’Esprit Saint
Dans cette promesse apparaissent déjà 4 caractéristiques de l’action de l’Esprit Saint dans notre vie:
- Il est le défenseur, le paraclet, celui qui nous exhorte, qui nous aide à parler, à oser prendre la parole lorsque nous sommes dans l’épreuve
- il nous enseigne: il nous donne la connaissance et l’intelligence des choses de Dieu, il nous aide à discerner
- Il nous aide à faire mémoire des paroles, càd à actualiser les paroles du Christ dans notre vie
- Il nous permet de recevoir la paix du Christ, alors que celui-ci n’est plus visible à nos yeux et qu’on a parfois l’impression de ne plus savoir où aller
On aimerait bien que cette présence de l’Esprit Saint puisse être tellement palpable qu’elle nous préserve de toute épreuve.
Malheureusement cette paix, que l’Esprit Saint nous donne, n’est pas une sorte de « potion magique », un état de grâce qui serait définitivement acquis. C’est plutôt un guide sur le chemin aventureux de la vie, qui aide à traverser les moments d’épreuve et de discernement difficile à vivre.
Et de fait les textes du nouveau Testament nous montrent bien que la communauté chrétienne, dès le début, est confrontée à des épreuves et à des discernements difficiles à vivre.
Vivre les épreuves avec l’Esprit
Le livre de l’apocalypse, dans son ensemble, nous décrit de manière théâtrale la réalité du combat spirituel qui touche les communautés chrétiennes:
- soit la tiédeur des communautés qui pensaient que le retour du Christ serait imminent, et qui, voyant que ça n’est pas le cas, se démotivent dans leur foi et reprennent les anciennes habitudes.
- soit la difficulté des premières persécutions où il s’agit d’affirmer sa foi, dans un contexte où celle-ci fait l’objet de mépris ou bien d’opposition violente.
Après avoir évoqué pendant de nombreux chapitres ce combat spirituel, pas toujours visible, mais bien réel, des forces du mal contre Dieu, la fin livre de l’apocalypse que nous entendons aujourd’hui nous décrit la victoire définitive du Christ, l’Agneau de Dieu, sur les forces du mal et le rayonnement de la Jérusalem céleste, de l’Eglise du ciel.
C’est l’Esprit Saint qui agit quotidiennement dans ce combat pour nous permettre de tenir bon en attendant cette victoire définitive.
Discerner avec l’Esprit
Mais l’Esprit Saint nous aide aussi à discerner pour prendre les bons choix dans des situations complexes:
L’ouverture de l’Eglise aux païens, abordée dans la première lecture est une véritable question: Faut-il que les païens qui désirent devenir chrétiens, passent par le judaïsme pour être baptisés et sauvés?
La question peut nous paraître un peu anachronique et secondaire, puisque nous sommes quasiment tous devenus chrétiens sans passer par le judaïsme.
Mais c’est une vraie question pour la communauté chrétienne naissante car:
- Jésus était juif et il a invité tous ses disciples à être en communion avec lui
- Jusqu’à présent à part à Antioche, en milieu païen où on commençait à utiliser le mot “chrétien” pour désigner les disciples du Christ, ces disciples étaient considérés comme des juifs et se rendaient à la synagogue.
- et puis comment comprendre la loi juive, le sens des Ecritures, l’attente messianique, l’accomplissement des Ecritures si on n’est pas soi-même de ce peuple juif… L’ouverture au païen ne risque-t-elle pas de relativiser complètement toutes les écritures et la loi sans lesquelles, le rôle même du Messie devenait incompréhensible?
C’est intéressant ici de voir que l’Eglise n’a pas suivi la solution de facilité qui consistait à dire: “c’est comme ça et c’est aux autres de s’adapter!”. Elle a discerné, grâce à l’Esprit-Saint, que le Christ était aussi présent et agissant, par son Esprit, chez les païens. L’Eglise s’est réunie avec les apôtres à Jérusalem pour traiter cette question à la lumière de l’Esprit Saint et au terme de ce premier concile, les apôtres sont capables de dire: “l’Esprit saint et nous même avons décidé qu’il n’était pas nécessaire de passer par le judaïsme pour devenir chrétien…”
Vivre l’aventure de notre foi avec l’Esprit
Nous aussi, nous traversons des moments d’épreuve et de remise en question, alors que le Christanisme est confronté de manière massive à la sécularisation de la société, à la baisse de la pratique et les vocations et, comme tout le monde, aux épreuves de la guerre, de la souffrance et de la maladie, il y a
- à la fois un danger spirituel de tiédeur (à quoi bon rester pratiquant aujourd’hui, à quoi bon continuer à prier pour les vocations?)
- un danger spirituel du repli face aux éventuelles moqueries et vexations dont notre foi pourrait faire l’objet, notamment dans le domaine professionnel
Et puis, il y a, comme dans les premiers siècles de vrais défis à affronter pour comprendre notre identité chrétienne dans notre société française qui se déchristianise: quelle place avons-nous à y tenir comme chrétien?
- Comment être suffisamment attachés à nos dogmes de foi pour ne pas tomber dans un relativisme disséminateur
… et suffisamment ouvert aux questions de la société pour ne pas tomber dans un renfermement identitaire mortifère?
- Comment avoir une liturgie suffisamment belle et porteuse des richesses de notre grande tradition pour attirer les regards vers le Christ
… et rendre cette liturgie accessible et attirante pour des personnes éloignées de nos traditions?
- Comment répondre aux demandes cultuelles des pratiquants… et garder une attention aux besoins de tous ceux qui sont dans la précarité, quelle que soit leur culture et leur religion?
Demandons au Seigneur de nous aider à accueillir l’Esprit Saint qu’il nous a donné, non pas pour nous éviter les épreuves, mais pour savoir discerner avec le Christ comment avancer jour après jour dans la paix et l’espérance au cœur d’un monde qui ne cesse de bouger.