09 Déc L’Immaculée Conception
Jeudi dernier, c’était la fête de l’Immaculée conception.
Au-delà des discussions théologiques qui ont amené le pape Pie IX, en 1854, à définir l’Immaculée conception de Marie comme un dogme, il est intéressant de nous interroger sur le sens que cette fête peut avoir dans notre vie spirituelle et particulièrement pendant de temps d’Avent.
Parfois confondue, à tort, avec la conception virginale de Jésus, cette fête proclame que Marie a été préservée du péché depuis sa naissance afin de pouvoir accueillir dans les meilleures conditions possibles, le Christ en son sein.
À vrai dire, si la définition dogmatique précise que Marie a été préservée du péché “au premier instant de sa conception”, la question spirituelle qui peut nourrir notre temps de l’Avent consiste surtout à réaliser comment Marie a pu progressivement préparer son cœur, en collaborant depuis sa jeunesse avec la grâce de Dieu, à accueillir un jour le message de l’ange.
Car même si le récit de l’Annonciation est extrêmement bref, il est évident que le “OUI” de Marie n’au rait pas pu se faire sans une longue préparation de son cœur.
- Comment aurait-elle pu entendre le message de l’ange et le comprendre sans avoir reçu une profonde éducation juive et sans avoir longuement médité les Écritures ?
- Comment donner tout son poids à la salutation très originale de l’ange qui appelle Marie : « comblée de grâce« , sans reconnaître qu’elle a reçu, depuis bien longtemps, une grâce spécifique pour accueillir ce message ?
- Comment aurait-elle pu répondre « OUI » à l’ange pour une chose si importante et si troublante, si elle n’avait pas préalablement répondu « OUI » de nombreuses fois à Dieu, en méditant cette écriture et en la mettant en pratique dans sa vie quotidienne ?
- Comment aurait-elle pu être suffisamment libre pour dire « OUI » en pleine connaissance de cause à l’appel de Dieu, si elle n’avait pas reçu une maturité spirituelle exceptionnelle qui le lui permettait dans ces circonstances si étranges ?
- Comment aurait-elle pu, durant toute sa vie, être tellement conforme à l’Esprit de son Fils, si elle n’avait pas reçu depuis très longtemps cette vocation qui la disposait à trouver son équilibre humain et spirituel dans la mise en œuvre de la volonté de Dieu ?
Cette question de la vie spirituelle de Marie et de sa préparation à accueillir un jour le Messie est bien présente dans la spiritualité de l’École Française. Jean-Jacques Olier, fondateur de notre paroisse et de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, avait, de ce fait, choisi comme fête patronale du séminaire un autre événement de l’enfance de Marie, la “Présentation de la Vierge Marie au Temple” et avait également instauré une fête de la “Vie intérieure de la Vierge-Marie”.
De la même manière que les 30 années de Jésus à Nazareth, dont nous ne connaissons quasiment rien, sont fondamentales pour comprendre son ministère public, les années d’enfance de Marie, dont nous ne connaissons quasiment rien non plus, sont essentielles pour comprendre la réponse que Marie a pu apporter au message de l’ange.
A la suite de Marie, nous sommes invités à creuser notre intériorité :
- nous mettre davantage à l’écoute de la Parole de Dieu et sa sagesse,
- nous mettre davantage à l’écoute de l’Esprit Saint en repérant les signes que Dieu nous donne au quotidien,
- « Se laisser à l’Esprit», disait Jean-Jacques Olier, pour pouvoir encore mieux accueillir le Christ dans nos vies présentes et préparer nos cœurs à pouvoir, un jour, lorsque nous paraîtrons devant lui, lui donner un « oui » total et définitif.
Henri de La Hougue
La Vierge et l’Enfant en gloire entourés de chérubins, de séraphins, de quatre anges, de sainte Marie-Madeleine et de saint Bernard de Clairvaux, Francisco Botticini, 1480, Louvre, tempera sur bois.