10 Fév Le Dimanche de la santé
En 1992, le pape Jean-Paul II, à l’occasion de la fête de Notre-Dame de Lourdes, a institué le 11 février “journée mondiale du malade”. Le dimanche qui suit (cette année le 12 février), les diocèses de France nous invitent à célébrer le “Dimanche de la Santé”.
Ce dimanche, au cours de la messe de 11h, plusieurs d’entre nous vont recevoir le sacrement des malades. Au cœur de l’épreuve de la maladie, ou de la dépendance liée au grand âge, ils pourront ainsi recevoir l’huile des malades, signe de la présence de Dieu et du don de réconfort et de guérison. Ils seront aussi soutenus par la prière et l’attention de toute la communauté.
Parler de “dimanche de la santé” est une manière intéressante de nous faire réfléchir, au-delà de l’attention aux personnes malades, à la santé comme un don de Dieu. Et c’est précieux d’en prendre conscience lorsque nous sommes en bonne santé, pour en rendre grâce, pour entretenir ce don, pour le mettre à profit au service des autres, et pour mieux vivre les épreuves de santé lorsqu’elles surgissent.
Très souvent, lorsque nous avons la chance d’être en bonne santé, nous vivons cet état comme quelque chose d’évident, d’acquis, comme un droit. Cela ne facilite pas notre attention à ceux qui n’ont pas la chance d’être en bonne santé physique ou psychologique. Et s’il nous arrive une épreuve de santé grave, la révolte est d’autant plus grande que nous avons l’impression d’être dans l’anormalité.
Je me souviens qu’étant jeune, je m’étais fait une entorse au foot et pendant trois semaines j’ai dû prendre le métro chaque jour avec des béquilles. A ce moment-là j’ai réalisé que je n’étais pas seul à avoir des difficultés à descendre les escaliers et à entrer dans le métro bondé. Avant, j’allais tellement vite que j’étais incapable de voir ces personnes. Cela m’a permis de leur être plus attentif et de les porter dans ma prière… Mais deux mois plus tard, m’étant remis à galoper, je les avais déjà oubliées.
Pourtant, lorsqu’une personne a fait l’expérience, de manière profonde et indélébile, de sa vulnérabilité à cause d’une grave épreuve de santé physique ou psychologique, elle peut mieux réaliser combien la santé est un don, combien la vie est à la fois fragile et précieuse, et devient alors capable de rendre grâce pour chaque étape de la progression de sa santé.
Plus sensible à l’écoute de l’histoire d’autres personnes fragiles, elle est alors capable de les accompagner, de les comprendre de l’intérieur, de les aider à découvrir les ressorts possibles qui leur permettront d’avancer dans leur situation.
Elle peut aussi accueillir davantage le salut que le Christ nous propose dans sa passion et sa mort sur la croix.
Si, lorsqu’on est dans une situation de faiblesse, une personne qui a, elle aussi, traversé des épreuves difficiles, vient nous donner l’espérance d’en sortir, cela nous touche davantage.
Lorsque l’expérience de la dépendance survient, avec l’âge qui avance, si on arrive à passer le cap de la révolte et à entrer dans une remise progressive et confiante entre les mains de Dieu, alors le cœur peut accueillir avec reconnaissance ce que le don de la santé nous a permis de vivre pendant des années. Nous pouvons alors profiter de la santé, encore en partie présente, pour avancer avec reconnaissance chaque jour, là où il nous est encore donné de le faire.
Henri de La Hougue