10 Mai Je crois en la Vie éternelle
Alors que nous venons de fêter l’Ascension, il nous est bon d’approfondir notre espérance de pouvoir partager la vie de Dieu après notre mort. Mais que faut-il croire exactement ? Peut-on proclamer des choses plus précises que les brèves affirmations du Credo :
“Je crois en la résurrection de la chair et la vie éternelle” (Symbole des apôtres) ; “J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir” (Symbole de Nicée-Constantinople) ?
Jésus affirme clairement à Marthe que : “celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra et ne mourra jamais” (Jn 11, 25-26). Paul rassure la communauté de Thessalonique de manière très explicite : “Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui”. (1 Th 4, 13-14).
La foi en une vie après la mort est donc une affirmation très claire de la foi chrétienne et elle est d’ailleurs largement partagée par les grandes religions du monde sous différentes formes : réincarnations dans l’hindou-
isme et renaissances dans le bouddhisme, résurrection pour la vie éternelle dans l’islam et dans une bonne partie du judaïsme.
Peut-on être plus précis ? Dans une lettre aux évêques, de 1979, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi présente un petit résumé bien pratique pour nous donner quelques repères sur ce que l’Église catholique enseigne (Lettre à tous les évêques membres des conférences épiscopales sur quelques questions concernant l’eschatologie).
En voici quelques extraits:
- L’Église croit à une résurrection des morts.
- L’Église entend cette résurrection de l’homme tout entier ; celle-ci n’est pour les élus rien d’autre que l’extension aux hommes de la Résurrection même du Christ.
- L’Église affirme la survivance et la subsistance après la mort d’un élément spirituel qui est doué de conscience et de volonté en sorte que le « moi » humain subsiste. Pour désigner cet élément, l’Église emploie le mot « âme », consacré par l’usage de l’Écriture et de la Tradition. Sans ignorer que ce terme prend dans la Bible plusieurs sens, elle estime néanmoins qu’il n’existe aucune raison sérieuse de le rejeter et considère même qu’un outil verbal est absolument indispensable pour soutenir la foi des chrétiens. […]
4. L’Église, conformément à l’Écriture, attend « la manifestation glorieuse de Notre-Seigneur Jésus-Christ » (Dei Verbum, 1, 4), considérée cependant comme distincte et différée par rapport à la situation qui est celle des hommes immédiatement après leur mort. […]
5. L’Église, dans la fidélité au Nouveau Testament et à la Tradition, croit à la félicité des justes qui seront unjour avec le Christ. Elle croit qu’une peine attend pour toujours le pécheur qui sera privé de la vue de Dieu, et à la répercussion de cette peine dans tout son être. Elle croit enfin pour les élus à une éventuelle purification préalable à la vision de Dieu, tout à fait étrangère cependant à la peine des damnés. C’est ce que l’Église entend lorsqu’elle parle d’enfer et de purgatoire ».
Il conviendrait évidemment de préciser, sur ce dernier point, qui serait ce “pécheur” privé définitivement de la vue de Dieu car le pardon du Christ accordé au criminel sur la croix et le désir de Dieu que tous les hommes soient sauvés invitent à porter un regard d’espérance sur le salut de l’humanité, mais il est certain que l’Église affirme cette possibilité du refus de Dieu dans le péché qui entraînerait une “mise à l’écart” de Dieu. Elle affirme aussi la possibilité de continuer à prier pour les défunts et à les accompagner dans cette étape de purification. En tout cas, la lettre met en garde les croyants contre le danger de représentations imaginatives et arbitraires de l’au-delà, car leurs excès entrent pour une grande part dans les difficultés que rencontre la foi chrétienne :
“Ni les Ecritures ni la théologie ne nous fournissent de lumières suffisantes pour une représentation de l’au-delà. Le chrétien doit tenir solidement deux points essentiels : il doit croire d’une part à la continuité fondamentale qui existe, par la vertu de l’Esprit-Saint, entre la vie présente dans le Christ et la vie future […] mais, d’autre part, le chrétien doit discerner la rupture radicale entre le présent et l’avenir du fait que, au régime de la foi, se substitue celui de la pleine lumière : nous serons avec le Christ et nous « verrons Dieu » (cf. 1 Jn 3, 2), promesse et mystère inouïs en quoi consiste essentiellement notre espérance”.
En montant au ciel, le Christ est parti « nous préparer une place« , comme il le dit aux disciples (Jn 14,3). Il nous ouvre ainsi le chemin vers le ciel, et nous donne aussi un regard d’espérance pour affronter les épreuves de notre vie présente.
Père Henri de La Hougue