Ta terre que Dieu nous nous donne en possession

« Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères » (Dt 4,1)

La première lecture de ce dimanche 1er septembre est particulièrement intéressante pour vivre cette rentrée.

1- “ Vous vivrez”. 

Dans le livre du Deutéronome, Dieu, à travers Moïse, invite le peuple à faire un choix radical: un choix entre la vie et la mort, c’est-à-dire entre la vie avec Dieu qui ouvre à la fécondité et à l’amour du prochain, et la mort spirituelle qui aboutit à un enfermement sur soi et à une perte d’espérance totale. 

Choisir la vie, c’est choisir d’orienter notre vie humaine, de telle sorte que les événements de notre vie ne soient pas des événements subis, mais des événements choisis. 

• Alors bien sûr, je ne choisis pas mes parents, ma santé, je ne choisis pas d’aller à l’école ou d’aller au travail, parfois je n’ai même pas tellement le choix de mon travail car il faut nourrir ma famille… 
• mais, d’une part il y a dans ma vie de nombreuses activités et engagements que je peux choisir, 
• et d’autre part, Il y a la possibilité de choisir de vivre les choses imposées comme une opportunité spirituelle et humaine, ou bien de les subir. 

Choisir la vie, c’est, dans l’esprit de la Bible, faire le choix de vivre les rencontres et des événements de ma vie avec le Seigneur, de telle sorte, que 

• Mes rencontres et mes événements puissent prendre un nouveau relief, ouvrir à une espérance, 
• J’acquiers la conviction, que, dans les plus petites choses, même répétitives, je peux contribuer au règne de Dieu et accomplir ainsi chaque jour ce que je demande dans ma prière : “que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne !”

2- “Vous entrerez dans le pays que vous donne le Seigneur”

Je trouve très intéressant d’aborder cette rentrée avec cette conviction que l’année qui arrive est en quelque sorte le pays que le Seigneur me donne pour vivre ma vie chrétienne cette année. 

C’est peut-être même une manière de me renouveler alors que je reprends un travail ou des activités dans lesquelles je suis engagé depuis de nombreuses années: est-ce que j’ai déjà réalisé que c’était le terrain, où le Seigneur m’envoie, pour accueillir sa parole et la mettre en pratique ? 

• Les nouveaux chefs scouts du groupe Olier, par exemple, pourront se dire: voilà le pays que le Seigneur nous donne pour trois ans,
• le nouveau responsable du groupe de prière pourra se dire, voilà le terrain que le Seigneur me donne cette année pour grandir et porter du fruit,
• les parents qui viennent d’avoir un petit bébé peuvent se dire: voilà le nouveau terrain que le Seigneur me donne pour l’habiter pleinement cette année comme père ou mère de famille, etc.

3- “Pour en prendre possession”

Prendre possession de la terre que le Seigneur me confie, 

• c’est le fruit d’une décision qu’il faut prendre maintenant, en début d’année, décider que : “oui! mon travail cette année, ma vie de famille cette année, mes engagements cette année… seront des lieux où le Seigneur aura toute sa place, où je me mettrai à son écoute pour progresser et porter du fruit!”
• C’est aussi le fruit d’un travail quotidien qu’il faudra mettre en œuvre tout au long de l’année car, comme dit Jésus, il ne s’agit pas seulement de dire: “Seigneur Seigneur!”,  il ne s’agit pas simplement d’avoir de bonnes intentions, mais il faut les mettre en pratique au quotidien. 

4- “En gardant ses commandements”.

Il ne peut pas y avoir de nouveautés en matière spirituelle sans qu’il y ait une fidélité à ce que nous avons reçu. 

• Les juifs ont 613 commandements à observer, mais leur finalité n’est pas tant l’observation de ces commandements, que la capacité à avoir constamment le cœur tourné vers Dieu, et donc aussi avoir une attention constamment tournée vers les autres.
• Le christianisme primitif a pris de la distance par rapport à l’observance de plusieurs de ses commandements… 
• Mais l’esprit demeure : nous avons des commandements et des règles, dont le but est de nous aider à rester en communion avec le Seigneur : la pratique des sacrements, la lecture de la Parole de Dieu, la vie de prière, etc.
• Comment vais-je mettre en pratique ces commandements cette année, quelle résolution je vais prendre pour le faire ? quels engagements concrets je vais prendre à la paroisse ou dans la société pour “garder ces commandements”?

5- “ Ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples”

Pour pouvoir porter un maximum de fruits et surtout me renouveler dans la vie spirituelle, il est nécessaire de prendre vraiment le temps de la réflexion et de l’intériorisation. 

• Si la Parole de Dieu est ma sagesse, cela signifie qu’elle m’aide à regarder le monde, les événements, les personnes, avec le regard que le Christ, par son Esprit-Saint, veut mettre dans mon cœur. 
• Elle m’invite à les regarder avec bonté, avec la conviction qu’un avenir est possible pour chacun.
• Ce regard porte de manière très concrète sur mon conjoint, sur les enfants, sur les collègues, sur les amis… et surtout sur ceux pour lesquels je ne le suis jamais posé la question “quel regard le Seigneur souhaite que je porte sur lui?” “Qu’est-ce que le Seigneur attend que je fasse pour lui?”

6- “En vous regardant, les autres diront: « quelle est la nation dont les dieux sont aussi proches?””

En prenant possession de cette terre, que le Seigneur me confie, et en y accueillant le règne de Dieu, je ne ferai pas uniquement que grandir dans ma foi, mais je serai témoin de la foi pour les autres. 

• À de multiples reprises, dans l’évangile, le Seigneur nous aide à comprendre que nous ne vivons pas d’abord notre vie pour nous-mêmes, mais pour le monde: “ Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde !” …
• Lorsque Dieu donne au peuple d’Israël la terre promise, ça n’est pas une fin en soi, mais c’est un signe de la bonté de Dieu pour l’ensemble des nations. 
  • Le but, est, qu’en voyant la fécondité du peuple d’Israël, sa sagesse et sa proximité avec Dieu, l’ensemble des nations puisse découvrir le Dieu unique et l’accueillir comme source de sa propre vie. 
  • Aujourd’hui encore, le Seigneur compte sur nous pour être des témoins de sa bonté. Nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de cette fécondité et de cette espérance que le Seigneur nous apporte dans notre vie quotidienne, de telle sorte que les uns et les autres puissent dire en nous voyant « il y a vraiment chez les chrétiens, quelque chose de plus qui donne envie” 

L’idéal est qu’en nous voyant vivre, des personnes éloignées de Dieu puisse réaliser quelle richesse apporte l’accueil du Seigneur dans notre vie  et que ces personnes puissent à leur tour prendre possession de la terre que le Seigneur veut leur donner.