15 Nov Pour une Église synodale : communion, participation, mission
Au terme de 4 années de consultations menées dans les paroisses du monde entier et après deux sessions romaines, le synode des évêques “Pour une Église synodale : communion, participation, mission” a publié, fin octobre, un document final. Contrairement aux synodes précédents, le pape a fait savoir qu’il n’y aura pas d’exhortation apostolique pour conclure la réflexion, mais que c’est ce document final qui servira de guide pour la mise en œuvre de ce synode dans les différents continents.
Le document de 52 pages est actuellement accessible en anglais et en italien sur le site du Vatican. J’en ai fait un résumé en français sur le site de la paroisse. N’hésitez pas à le lire. Je vous présente ici ce qui me semble être l’essentiel de ce document.
Comme son nom l’indique, ce synode porte surtout sur le mode de fonctionnement de l’Église, dans ses processus de discernement, de décision et de gouvernement.
Le mot clef de ce synode est la synodalité : “une marche ensemble”, nourrie par une disposition spirituelle d’écoute de l’Esprit Saint à travers la Parole de Dieu et une participation, la plus large possible, du peuple de Dieu concerné par les questions débattues.
Le mode de fonctionnement hiérarchique traditionnel est compris comme une hiérarchie de service, où les ministres ordonnés favorisent l’expression d’une large partie du peuple qui leur est confié, non seulement dans les consultations préliminaires aux grandes orientations de la communauté, mais aussi dans les processus de décision et de mise en œuvre.
Aux différents échelons (communautés locales, paroisses, diocèses, curie romaine), les grandes orientations doivent être prises de manière synodale, avec une large participation du peuple de Dieu, et en laissant une grande place à la prière. Cette manière de partager, à l’écoute de la Parole de Dieu, en laissant chacun s’exprimer pour approfondir son engagement de foi, permet une “conversation dans l’Esprit”, qui fait avancer l’Église.
La synodalité est donc désormais le mode privilégié de travail lorsqu’il s’agit de discerner, de décider et de mettre en œuvre des décisions dans l’Église, au niveau de la curie romaine, des conférences épiscopales, des diocèses, des paroisses ou des communautés religieuses. L’enjeu est que le “sens de la foi des fidèles”, le “sensus fidei”, puisse être véritablement pris en compte dans les réflexions et que les communautés puissent avancer à l’écoute de l’Esprit Saint.
Cela nécessite bien sûr un ancrage dans la Parole de Dieu et dans la tradition, mais aussi une ouverture à la rencontre, au dialogue avec des personnes qui n’ont pas nécessairement les mêmes références culturelles que nous, notamment une ouverture aux sensibilités des Églises Orientales, de plus en plus présentes en Occident par le jeu des migrations, une ouverture œcuménique et interreligieuse. Cela suppose aussi de laisser une plus grande place aux femmes dans les postes de responsabilité, de décision et de formation. L’idéal est d’arriver à un échange des dons : chacun pouvant apporter à l’autre les richesses de sa réflexion sur la foi.
Cela nécessite aussi une plus grande transparence dans les prises de décision, dans la gestion quotidienne et dans la manière de rendre des comptes : notamment en ce qui concerne la vie financière de l’Église.
Pour favoriser ce type d’échanges à tous les niveaux de l’Église, le document final du synode invite à poursuivre et accentuer les efforts engagés pour lutter contre toutes les formes d’abus. Il ouvre plusieurs pistes de travail canonique et théologique qui pourraient, à l’avenir, favoriser cette mise en œuvre : la mise en place de nouveaux ministères laïcs, notamment un “ministère d’écoute et d’accompagnement” ; la poursuite de la réflexion sur l’accession des femmes au diaconat ; la réévaluation de la valeur du vote des laïcs dans les assemblées synodales ; l’établissement d’un conseil des Patriarches, archevêques majeurs et métropolitains des Églises Orientales catholiques ; la poursuite de la décentralisation romaine pour un certain nombre de décisions ; la reconnaissance d’un statut canonique aux conférences épiscopales nationales ou continentales.
À notre niveau, ce synode nous rappelle l’importance de la participation de tous les fidèles à la vie et aux décisions de la paroisse. Nous essayons de la vivre dans nos différentes instances de décisions : conseil pastoral, conseil des Affaires économiques, bureau du conseil pastoral et par une participation élargie lorsqu’il s’agit de questions qui réclament des compétences particulières comme cela a été le cas lors du recrutement de notre organiste de chœur. Beaucoup de nos initiatives pastorales actuelles émanent d’initiatives proposées par vous tous : messe rorate, fête de la musique, Saint-Sulpice en fête, mise en œuvre d’un grand spectacle… Alors n’hésitez pas à vous investir davantage dans la vie paroissiale, si vous en avez la possibilité.
Henri de La Hougue
Dernier jour de travail pour l’Assemblée synodale, samedi 28 octobre. (Vatican Media)