20 Déc “Voici que la jeune femme est enceinte ; elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel” (Is 7, 14)
Au 7e siècle avant Jésus-Christ, quand le Prophète Isaïe annonce que la femme du roi Akhaz est enceinte et donc qu’un héritier au trône va naître, et qu’il sera le signe de la présence de Dieu (Emmanuel = Dieu avec nous), il redonne l’espérance à un moment où le royaume d’Israël est menacé de toute part et semble s’effondrer. Il proclame l’espérance de sa foi en un Dieu qui n’abandonne pas son peuple et qui lui permet de vivre et de grandir malgré les menaces et les épreuves qui le touchent.
Cette annonce d’Isaïe aura une telle portée auprès du peuple qu’elle restera ensuite dans sa mémoire collective et deviendra une formule d’attente messianique.
Lorsque Joseph, dont la femme qui lui est promise lui affirme qu’elle est enceinte de l’Esprit Saint, entend, dans un songe, l’ange reprendre les paroles mêmes d’Isaïe, il le reçoit comme un message de foi et d’espérance, alors même que sa situation personnelle est compliquée et que, par ailleurs, la vie politique et sociale de son pays, sous occupation romaine, est extrêmement difficile à vivre. Ce message va le décentrer de sa propre préoccupation et lui permettre de consacrer sa vie à protéger cet enfant qui lui est confié pour le salut de son peuple.
Lorsque Matthieu rédige son évangile dans les années 80 et reprend cette annonce de l’ange à Joseph, Jérusalem vient d’être saccagée, le temple fraîchement reconstruit par Hérode vient d’être détruit, la jeune communauté chrétienne connaît la persécution et la dispersion.
Et pourtant, cette parole d’espérance du Prophète Isaïe vient prendre une signification nouvelle, encore plus forte, du fait de la mort et la résurrection du Christ. Marie a enfanté le Messie et celui-ci est vraiment pour chacun d’entre nous, une source de salut et d’espérance.
Alors, même si, en cette fin d’année, le climat politique, social, économique, international… est extrêmement difficile à porter, que les guerres semblent ne jamais devoir finir, que les tempêtes continuent de se déchaîner dans le monde entier, la fête de la venue du Christ porte d’autant plus de valeur d’espérance et de salut, que nous avons vraiment besoin de cette Bonne Nouvelle.
Le Christ est la présence de “Dieu avec nous”, Emmanuel. Même si, dit Saint Paul, “les douleurs de l’enfantement durent encore” (Rm 8, 22), nous savons qu’Il est à nos côtés et qu’Il est vainqueur de la mort. Vivre de cette présence n’est pas seulement une lumière pour l’au-delà, une promesse pour le futur, mais cela oriente déjà notre vie quotidienne en nous permettant de vivre les événements et les rencontres qui la constituent comme un lieu de construction du Royaume de Dieu, auquel nous pouvons contribuer pour notre plus grand bonheur.
Réjouissons-nous car, comme l’annonçait Isaïe “un enfant nous est né, un fils nous a été donné !” (Is 9, 5), et ce n’est plus seulement le fils d’un roi terrestre, c’est le Fils de Dieu lui-même !
Henri de La Hougue