31 Jan Pour Elias et sa famille
L‘association Jeunesse Sportive et culturelle Pitray-Olier, dite “Le PO”, fondée en 1895 par le Père de Pitray, assure depuis plus d’un siècle, en lien avec la paroisse Saint-Sulpice, une belle animation auprès des jeunes : football, musique, théâtre, séjours de vacances… dans un esprit familial d’accueil, de bienveillance et de simplicité.
Samedi dernier, Elias, un jeune de 14 ans, qui revenait de son entraînement de football avec le PO, est décédé, après avoir reçu un coup de couteau de la part de deux jeunes qui voulaient lui voler son téléphone.
Face à ce drame, largement relaté dans les médias, je souhaite :
- dire simplement, à la famille d’Elias, aux jeunes et aux familles du PO que ce qui touche le PO touche aussi la paroisse ;
- partager, avec tout le PO, ce cri de douleur pour ce jeune de troisième qui perd la vie de manière si injuste et dans des conditions si violentes ;
- assurer la famille d’Elias et ses amis de notre profonde communion fraternelle. Dès samedi plusieurs messes ont été célébrées à son intention, pour lui, pour sa famille et ses amis. Beaucoup de messages de parois siens me sont parvenus dans ce sens ;
- remercier personnellement et dire mon admiration pour toute l’équipe dirigeante et animatrice du PO qui a su gérer, heure par heure, cet événement dramatique, en relation avec la maman d’Elias, ses amis et les familles du PO. Samedi après-midi, les amis d’Elias leurs familles, y étaient réunis avec l’aide précieuse de la cellule d’écoute du SAMU. Un petit temps de prière a été proposé pour les personnes qui le souhaitaient.
Depuis quelques jours, la stupeur a laissé place à l’incompréhension face
à une telle violence et devant la liberté de ces jeunes agresseurs déjà connus pour des actes de violences.
Je crois que Dieu n’est pour rien dans un tel événement, lui qui a fait le choix de nous laisser libre et qui, en Jésus, en a lui-même subi les conséquences, de manière tout aussi terrible. Je sais aussi que notre vie sur terre n’est qu’une étape et que la vie d’Elias se poursuit autrement auprès de Dieu. Et je crois aussi qu’Elias peut aider sa famille et ses amis à tenir bon et vivre le deuil.
Mais je comprends qu’on puisse ressentir une profonde injustice et exprimer un cri de révolte contre Dieu car une mort injuste est toujours révoltante. Et même si Dieu nous laisse libre, il veut le bien de chacun.
Alors, en pensant à Elias, qui était de confession juive, c’est le psaume 129 qui anime ma prière rappelant à la fois la profondeur de notre humanité, si abîmée par le péché et la violence, notre cri d’incompréhension, la grande espérance de la victoire de la vie, la certitude qu’auprès du Seigneur est l’amour – et qu’Elias peut désormais en faire l’expérience – et la conviction que le Seigneur veut le rachat et le pardon des pécheurs.
“Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière !
Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne.
J’espère le Seigneur de toute mon âme,
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.
Plus qu’un veilleur ne guette l’aurore,
attends le Seigneur, Israël.
Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat.
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.”
La mort dramatique d’Elias rejoint celle, toute aussi dramatique, de milliers d’enfants qui périssent chaque année par les armes et par la violence. Elle vient nous le rappeler, ici et maintenant, et nous engager à faire tout notre possible, à notre niveau, pour lutter contre ce fléau de la violence. Le PO y contribue chaque jour en permettant à des jeunes de différentes origines et de différentes religions de se retrouver ensemble grâce au sport, à la musique et aux séjours de vacances et de grandir dans le respect, la solidarité, la générosité, l’amitié et le partage. Elias, comme chacun des membres du PO, y a contribué par sa présence et son dynamisme. Maintenant qu’il y a laissé sa vie terrestre, je suis certain qu’il va continuer à y contribuer là où il est, auprès de Dieu.
Henri de La Hougue