29 Juin « La mer, la montagne et la forêt … pour découvrir la présence de Dieu »
Pour ce dernier « Tous Frères » avant la pause estivale, alors que beaucoup d’entre nous s’apprêtent à partir, je vous propose de découvrir quelques symboles bibliques qui pourront favoriser notre méditation : la mer, la montagne et les arbres.
La mer nous invite à contempler l’œuvre de la création tout entière parce qu’elle évoque l’émergence du monde dans la Genèse lorsque Dieu sépare la terre et l’eau (Gn 1, 6-9). Elle représente aussi le travail des pêcheurs et la nourriture que Dieu donne aux hommes [(on oublie quelquefois que la multiplication des pains était aussi une multiplication des poissons (Jn 6, 9 -11)].
Mais la mer est aussi un symbole du mal : dans la représentation cosmique de l’époque de Jésus, la mer fait la frontière entre deux mondes : celui des régions inférieures (les « enfers » ou shéol), où règnent les âmes des morts et les démons, et celui des vivants sur la terre.
Lorsqu’une tempête se déchaîne, ce sont les forces du mal qui se manifestent dans la vie des hommes et risquent de les entraîner vers la mort. Au contraire, quand Jésus calme la tempête ou marche sur l’eau, il montre aux apôtres qu’il domine les forces du mal : il est vainqueur de la mort.
Dans le livre de l’Apocalypse, le nouveau monde est présenté comme une terre nouvelle où il n’y aura plus de mer, c’est-à-dire, plus de possibilité pour les forces du mal de nuire au bonheur de la nouvelle création, mais il demeurera autour du trône de Dieu comme « une mer limpide, semblable à du cristal » (Ap 4,6). La beauté de la mer calme sera le lieu où se reflète la gloire de Dieu.
La montagne témoigne, dans la Bible, de la puissance créatrice de Dieu : elle est un lieu refuge pour celui qui est persécuté (comme Loth qui fuit la destruction de Sodome, Gn 19,17), signe de la protection que seul Dieu peut vraiment donner. « Seigneur, d’âge en âge, tu as été notre abri. Avant que les montagnes naissent et que tu enfantes la terre et le monde, depuis toujours, pour toujours, tu es Dieu » (Ps 90, 1-2). Ceux qui manquent d’humilité et se prennent pour des dieux en accaparant le pouvoir aux dépens des autres hommes, sont poétiquement évoqués par le prophète Isaïe comme des gens qui escaladent les montagnes pour siéger à leur sommet (Is 14, 13-14). C’est d’ailleurs au sommet d’une très haute montagne que le diable tente Jésus en lui promettant le pouvoir sur tous les royaumes du monde (Mt 4, 8), mais Jésus, qui est doux et humble, ne se laisse pas tenter par le piège du pouvoir humain.
Au contraire, Jésus voit la montagne comme le signe de la présence du Père qui veille sur le monde. En effet, la montagne est aussi, dans l’Ancien Testament, le lieu symbolique de la rencontre entre Dieu et les hommes : le lieu de l’appel de Moïse (Ex 3,1-5), du don de la loi divine (Ex, 24, 12-18), de la rencontre avec Elie (1 R 19, 8).
Jésus aime se retirer dans la montagne ou sur des collines pour aller prier. C’est lors d’une prière sur la montagne qu’il est transfiguré et que se manifeste sa gloire.
Les arbres des forêts sont les signes de la vitalité de Dieu qui nourrit sa création, de saison en saison. L’arbre puise sa vitalité de l’eau où s’abreuvent ses racines, comme l’homme puise sa force dans la Parole de Dieu, dans laquelle il doit profondément s’enraciner. L’homme juste qui se plaît dans la loi du Seigneur est « comme un arbre planté près des ruisseaux : il donne du fruit en sa saison et son feuillage ne se flétrit pas ; il réussit tout ce qu’il fait. » (Ps 1, 3). Dans le livre de la Genèse, avant le péché originel, les fruits des arbres sont le signe de la providence de Dieu qui nourrit son peuple, sans que celui-ci ait à peiner pour son travail (Gn 2, 15) Parmi ces arbres, l’arbre de la vie donne l’immortalité (Gn 2, 9). Les fruits des arbres peuvent être aussi l’objet d’une tentation, si on cherche à se les accaparer pour dominer le monde en prétendant maîtriser le bien et le mal : c’est le fruit défendu (Gn 2, 17).
L’arbre peut aussi évoquer la présence de Dieu à nos côtés, comme Moïse le découvre en approchant du buisson ardent (Ex 3, 2) ou comme Jésus le révèle à Nathanaël qui lisait la Parole de Dieu sous le figuier (Jn 1, 48). Avec la mort de Jésus sur la croix, le bois de la croix qui était considéré comme un signe de châtiment divin (Dt 21, 22-23) est devenu un symbole de victoire sur la mort. En mourant sur la croix, le Christ a, en quelque sorte, restauré l’ ‘‘arbre de la vie’’ de la Genèse, nous donnant accès à la vie éternelle malgré notre péché. L’arbre évoque donc le pardon, comme Zachée a pu en faire l’expérience lorsque Jésus lève les yeux et l’appelle à descendre de son sycomore pour aller demeurer chez lui (Lc 19, 4-5).
La mer, la montagne, les arbres ouvrent nos cœurs à la contemplation et à la méditation. Profitons donc de nos vacances estivales où la pensée n’est pas accaparée par des choses à faire, pour laisser la nature nous parler de Dieu ou laisser Dieu nous parler d’elle.
Henri de La Hougue