29 Août Dieu présent à chaque instant de nos vies
(Homélie de 29 août Mc 7, 1-8.14-15.21-23)
L’évangile d’aujourd’hui peut nous paraître assez facile à comprendre, comme une simple mise en garde contre le risque d’hypocrisie de ceux qui sont attachés à des rites extérieurs, plutôt qu’à chercher à avoir un cœur pur qui produise la bonté autour de soi.
Même si nous pouvons le comprendre ainsi, il y a, par derrière, une question beaucoup plus profonde : celle de la séparation entre le sacré et le profane dans la vie quotidienne.
La séparation entre le sacré et le profane dans notre vie quotidienne
- Dans la foi du peuple d’Israël, même si tout est donné par Dieu, la plupart des choses sont laissées à la libre gestion de l’homme et sont accessibles à tous : c’est le domaine du profane, qui est assez large et ne nécessite pas de règle de pureté particulière.
- Le domaine de Dieu, lui, est inaccessible à l’homme : on ne peut pas voir Dieu sans mourir, ni même pas prononcer son nom…
- Entre les deux domaines, il y a des éléments qui font la jonction : la nourriture, puisqu’elle sert pour les offrandes, la sexualité puisqu’elle transmet la vie, le temple et les rites religieux qui permettent d’entrer en relation avec Dieu. C’est là qu’interviennent les règles de pureté… Pourquoi ?
Comme le souligne le premier commandement : « le Seigneur ton Dieu est l’unique Seigneur, tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit », le risque principal du peuple d’Israël est l’idolâtrie, c’est-à-dire de se faire un Dieu à son image… et concrètement, de mettre ses désirs de pouvoir, d’honneur ou de richesse à la première place dans sa vie.
Les règles du pureté contre le risque d’idolâtrie
Pour éviter cela, la tradition religieuse du peuple d’Israël a établi des règles de pureté très strictes qui obligent celui qui prétend agir au nom de Dieu, ou même celui qui veut s’approcher de Dieu, à entrer dans une attitude de dépossession de soi : il doit se purifier symboliquement de tout ce qui lui est propre pour se mettre en relation avec Dieu.
Les règles de pureté permettent en quelque sorte de ne pas banaliser la présence de Dieu, de ne pas se l’accaparer, de ne pas prétendre agir de la part de Dieu, sans que cela puisse se concrétiser dans des étapes visibles.
Or beaucoup de scribes et de pharisiens qui souhaitaient manifester, avec raison, le fait que Dieu est bien présent dans tous les domaines de la vie, avaient tendance à multiplier les rites de purification, au point que ces rites étaient devenus parfois détachés de leur sens premier qui était de rapporter chaque chose à Dieu.
Ce que propose Jésus, ce n’est donc pas seulement une critique de leur excès de zèle mais une révolution :
La révolution proposée par Jésus
- Par sa simple présence et puisqu’il est Dieu, Jésus fait disparaître dans nos vies quotidiennes la séparation entre le sacré et le profane : Dieu se rend accessible à tous les hommes, à tout instant, même si nous sommes pécheurs.
- Et du coup, la vraie pureté ne consiste pas à multiplier les gestes de purification mais elle consiste à ajuster nos cœurs à la miséricorde de Dieu, lequel se rend présent à chaque instant.
On comprend bien alors, qu’au-delà de la question des rites de purifications qui ne nous concernent plus guère, l’évangile d’aujourd’hui a quelque chose à nous dire : cette « révolution » proposée par Jésus nous invite à réfléchir sur notre propre compréhension de la présence de Dieu dans notre vie et sur nos pratiques :
Quelle pratique peut nous permettre de replacer Dieu au centre de nos actions quotidiennes?
- Cette non-séparation du profane et du sacré reste l’enjeu du combat spirituel de toute notre vie : l’idéal est que l’on puisse vivre chaque instant avec le Christ : nos temps de prière bien-sûr, mais aussi nos rencontres, nos temps de détente, les grands choix de notre vie… Cela nécessite une unification intérieure qui, justement, permet que ce qui sort de notre cœur et de notre bouche soit une source de miséricorde.
- N’ayant plus de règles religieuses qui émaillent notre vie quotidienne, il y a un risque, qui est de ne plus penser à Dieu dans la journée. Les gestes quotidiens de purification à l’époque de Jésus portaient peut-être le risque d’être faits par pure habitude, voire par hypocrisie dans certains cas, mais le fait de ne pas avoir de geste du tout porte un risque aussi fort de ne plus penser à Dieu dans le quotidien.
- Ne faudrait-il pas dans une société très sécularisée où peu de choses nous renvoient à Dieu, trouver nos propres gestes, nos propres rites qui nous permettent de réaffirmer cette présence de Dieu dans nos journées ? Un signe de croix le matin en se levant, le soir en se couchant, la prière en famille, le bénédicité de temps en temps… A chacun et à chaque famille de trouver ses petits rites, sans s’y enfermer, en étant capable d’en changer s’ils ne nous parlent plus…
- Enfin l’évangile nous rappelle que nos actions envers Dieu et envers les autres ne pourrons pas progresser, si nous ne travaillons pas notre intériorité : c’est dans notre cœur que tout commence.