18 Sep de la logique du plus fort à celle de l’amour
(Homélie du dimanche 19 septembre 2021- Mc 9, 30-37)
Entre Jésus et les disciples on a parfois l’impression d’un dialogue de sourds : Jésus explique pour la 2ème fois qu’il doit passer être arrêté, mis à mort, pour ressusciter ensuite… et les disciples ne comprennent pas.
Pourquoi n’arrivent-ils pas à comprendre le message de Jésus ?
Pour eux, le messie doit s’imposer contre l’occupant romain et non pas mourir, ce qui serait un échec.
En plus, quand Jésus parle de ressusciter, c’est très flou dans leur esprit. Ils croient à la résurrection à la fin des temps, et l’expression le 3ème jour, à cause de la symbolique des chiffres peut très bien être compris dans ce sens-là. Ils ne voient en quoi la résurrection du Christ à la fin des temps pourrait faire venir le Royaume de Dieu.
En attendant, ils sont dans une logique de force et de pouvoir, où le plus fort et le plus grand l’emporte. Selon eux, il faut que Dieu se montre plus puissant que les hommes (non pas en faisant la guerre, mais par ses prodiges) pour que les hommes lui obéissent une bonne fois pour toute. Les hommes lui seront soumis et le monde ira bien…
Après tout c’est aussi la question posée implicitement dans les lectures du jour : si Dieu est tout puissant, pourquoi n’intervient-il pas pour faire cesser les guerres et les injustices ?
Or justement Pierre, Jacques et Jean viennent d’assister à la transfiguration de Jésus : Jésus est apparu en gloire avec Moïse et Elie… ils sentent que le dénouement est proche : Enfin le Christ va manifester sa messianité au monde.
Passer de la logique du pouvoir à celle de l’amour
Mais le Christ est dans une autre logique : Dieu ne cherche pas à ce que les hommes lui soient soumis… cela Il pourrait l’obtenir facilement. Ils cherchent à ce que les hommes découvrent son amour pour eux et l’aiment en retour. C’est autrement plus difficile.
Séduire quelqu’un peut se faire par la force, la puissance, la richesse… mais aimer quelqu’un ne peut se faire qu’en se montrant attentif, bienveillant, pensant d’abord à l’autre plutôt qu’à soi, restant à ses côtés dans les épreuves jusqu’au bout.
Aimer quelqu’un ce n’est jamais montrer qu’on est plus fort que lui, c’est au contraire avoir la conviction qu’on a besoin de lui pour vivre.
Cette logique de l’amour on la connaît bien parce qu’on l’a expérimenté très souvent dans la famille :
- les heures passées par les parents à s’occuper d’un enfant malade ou en difficulté, sans attendre d’autre récompense que celle de voir l’enfant aller mieux et sans se préoccuper de leurs propres fatigues,
- les grands parents qui passent une grande partie de leur retraite à s’occuper de leurs petits-enfants sans chercher d’autres source de bonheur.
C’est cette logique-là que Dieu met en œuvre : c’est cela son plan : nous révéler qu’il nous aime et nous proposer de l’aimer en retour. Ça prend du temps, c’est sans cesse à refaire, c’est l’affaire de toute une vie.
Mais les apôtres, qui viennent d’assister à la transfiguration et qui pensent que le Christ va manifester sa gloire devant le monde entier, sont dans une tout autre logique. Les exemples du pouvoir qu’ils connaissent, c’est le pouvoir politique et militaire par la force, le pouvoir de l’argent… ils n’imaginent pas Dieu puisse se manifester autrement.
Alors, entre eux, ils discutent pour savoir qui aura les plus grandes responsabilités dans ce nouvel ordre, qui est le plus grand parmi eux. Un peu plus tard, la mère de Jacques et Jean ira carrément voir Jésus pour lui demander que ses enfants puissent être ses plus proches conseiller dans son futur royaume.
Au fond, ce que pensent les apôtres est très compréhensible. C’est toujours tentant de vouloir imposer quelque chose que l’on croit bon pour les autres, même quand il s’agit de religion… Mais les théocraties ont-elles vraiment converti les hommes à l’amour de Dieu ? J’en doute beaucoup.
Dans la logique de l’amour celui qui a la première place, c’est celui qui se fait le serviteur de tous, car c’est lui qui donne la plus belle preuve de son amour. Celui qui donne du temps pour un enfant, pour l’aider à grandir sans chercher d’autre intérêt que le bien de cet enfant, c’est lui qui témoigne de cette logique de l’amour.
Mettre en oeuvre cette logique dans notre vie quotidienne
Comment cette logique de l’amour peut-elle entrer davantage dans nos vies en ce début d’année ?
- Repérer comment cette logique de l’amour est constructive dans notre vie, combien c’est elle qui nous permet d’avancer, d’élaborer les projets qui donnent sens à notre vie, combien elle est reposante car elle est basée sur la confiance et l’espérance.
- Repérer ensuite combien Dieu a mis en œuvre cette logique dans nos propres vies. Comment il a su être là, sans s’imposer, nous portant dans les épreuves.
- Repérer comment nous mettons déjà en œuvre cette logique auprès des gens que nous aimons
- Repérer enfin là où nous pourrions davantage la mettre en œuvre dans notre entourage familial, professionnel, amical d’abord, puis dans les cercles plus larges de l’ensemble des personnes que le Seigneur met sur notre chemin et que nous n’avons pas nécessairement choisies.