01 Oct Messe de rentrée
(Homélie du 26ème dimanche du temps ordinaire, année B à l’occasion de la messe de rentrée- Mc 9, 38-48))
Frères et sœurs nous l’entendions dimanche dernier, après avoir assisté à la transfiguration, les apôtres pensaient que le Christ n’allait pas tarder à manifester sa puissance et déjà ils se préparaient à gouverner avec Jésus.
Serviteurs de tous et ouverts à l’action de l’Esprit
Après avoir discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand, voilà que les apôtres veulent maintenant pouvoir maîtriser tout ce qui se fait au nom de Jésus. Or ils ont vu quelqu’un qui n’est pas de leur groupe expulser des démons au nom de Jésus et ils l’en ont empêché.
Une fois de plus, le Christ doit ouvrir leur esprit : non seulement celui qui veut agir au nom du Christ doit se faire le serviteur de tous, mais il doit aussi être ouvert à l’action de l’Esprit Saint, qui déborde largement tout ce que nous pouvons faire par nous-mêmes.
Jésus invite ses apôtres à entrer dans une logique de gratuité, de contemplation et d’émerveillement du Royaume de Dieu à l’œuvre. « Tout ce qui n’est pas contre nous, est pour nous ! ». L’autorité donnée aux apôtres n’a pas pour but de tout maîtriser ou tout contrôler, mais elle est au service de l’Esprit du Christ, dont l’action rayonne bien au-delà de ce qu’ils peuvent réaliser par eux-mêmes.
Cela rappelle évidemment le passage de la première lecture où Josué, l’adjoint de Moïse avait eu le même réflexe d’exclusivité de son pouvoir religieux et se plaignaient à Moïse que deux personnes qui n’étaient pas avec les 70 anciens qui en avaient reçu la mission, prophétisaient en dehors du camp. Moïse avait retourné complètement la logique de Josué : « Ah si tout le peuple pouvait être prophète ! ». Le but du Seigneur n’est pas de constituer une élite religieuse, mais que tous soient touchés par sa Parole et vivent de son Esprit.
Une responsabilité exigeante
En revanche, le Christ profite de cette conversation pour aider les apôtres à réaliser l’exigence de leur responsabilité. Être responsable d’une communauté, responsable d’un groupe ou d’une mission donnée par le Christ, c’est exigeant car il y a un risque de scandale, d’être une occasion de chute, si l’on ne prend pas au sérieux l’exemplarité qui doit être la nôtre.
Ces occasions de chutes peuvent être dans ce que l’on fait (« si ta main est une occasion de chute coupe-là) :
- Les actes que l’on pose pour nous-mêmes et pour les autres.
- Mais ça peut être aussi notre manière de lire la Parole de Dieu, puisque la main était utilisée pour suivre le rouleau de la Torah…
Ces occasions de chute peuvent être dans les orientations et les choix de nos vies, là où l’on chemine. « Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le » :
- Ce sont les grandes orientations de notre vie, les projets qu’on met en œuvre, les personnes que l’on choisit pour cheminer avec nous, ou les personnes que l’on aide à avancer…
- Comme dit Jésus, « un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? » (Mc 6, 39)
Ces occasions de chute peuvent être liées à notre regard sur les choses et les personnes : « si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le ! » : les désirs que l’on entretient, les jugements que l’on porte sur les gens…
Comme dans de nombreuses paraboles de Jésus (la paille et de la poutre, le chameau qui passe par le chas d’une aiguille…), il ne s’agit pas de prendre les paroles de Jésus à la lettre et de s’amputer de ses membres, mais d’être extrêmement vigilant au risque de scandale et surtout de prendre les moyens concrets pour éviter ce qui nous entraîne au péché. Si une personne te pousse à vivre des choses qui sont en contradiction avec l’évangile, alors cesse de voir cette personne. Si tu réalises que ton ordinateur ou ton téléphone te pourris toutes tes nuits, alors coupe-le, etc.
Pour nos responsabilités pastorales
En relisant l’ensemble de cet évangile à l’occasion de notre messe de rentrée paroissiale, je le reçois simplement comme une invitation à placer nos activités, notre vie relationnelle et nos responsabilités sous le regard de Dieu :
- Que ce soit toujours pour servir
- Que ce soit sans exclusive, mais au service de tous,
- Que ce soit dans l’attention à vivre sincèrement ce que dont nous témoignons.
Dans le rituel d’ordination diaconale, il y a une très belle formule qui pourrait s’adresser à chacun de nous aujourd’hui qui, par notre responsabilité, avons à annoncer l’évangile d’une manière ou d’une autre.
« Recevez l’Évangile du Christ, que vous avez la mission d’annoncer. Soyez attentif à croire à la Parole que vous lirez, à enseigner ce que vous avez cru, à vivre ce que vous aurez enseigné.
Vous tous, qui recevez l’évangile du Christ régulièrement à la messe ou dans vos différentes activités,
- vous qui êtes chargés de jeannettes, de louveteaux, de scouts,
- vous qui allez visiter les personnes sans logement
- vous qui donnez des cours aux migrants
- vous qui préparez des colis pour les jeunes mamans
- vous qui faites visiter l’église, vous qui vous occupez de son entretien ou la fleurissez chaque semaine, vous qui faites en sorte qu’elle soit accueillante pour les différentes célébrations qui s’y déroulent
- vous qui faites rayonner la Parole de Dieu par vos musiques ou par vos voix ou qui contribuez à la beauté de nos liturgies
- vous qui servez l’Église au conseil pastoral ou au conseil économique
- vous qui êtes à l’accueil, aux confessions, qui célébrez des messes ou en faites célébrer
- vous qui venez régulièrement prier dans notre église, adorer le saint-sacrement, implorer la miséricorde divine
- vous qui soutenez matériellement la vie de notre église
- vous qui préparez les chrétiens aux différents sacrements…
Bref, nous tous qui sommes ici, recevons l’Évangile du Christ, que nous avons la mission d’annoncer. Soyons attentif à croire à la Parole que nous lisons, à enseigner ce que nous croyons, et à vivre ce que vous aurons enseigné.