19 Déc la visitation, un texte qui nous concerne
Introduction
Pendant tout ce temps de l’Avent la liturgie nous a proposé une sorte de retraite spirituelle :
- Le premier dimanche, nous avons été invités à prendre du recul et à faire une petite relecture de notre vie pour voir où nous en étions dans notre vie avec Dieu.
- Le deuxième dimanche nous invitait à prendre un temps privilégié avec Dieu pendant cet Avent, à l’image des pèlerins venus rejoindre Jean-Baptiste dans le désert.
- Le troisième dimanche nous proposait de mettre en œuvre une petite conversion pour manifester notre désir d’accueillir le Seigneur qui vient.
- Aujourd’hui, nous sommes invités par la liturgie à réaliser comment le fait de laisser une place particulière au Christ cette année lors de la fête de la nativité peut être extrêmement fécond dans notre vie et dans celle des autres.
La visitation, un texte qui nous concerne
Pour cela, la liturgie nous propose de contempler la scène de la Visitation.
- D’une part parce que c’est l’étape qui dans l’Évangile précède la naissance de Jésus et donc ça nous prépare chronologiquement à la naissance de Jésus.
- d’autre part parce que l’enfant Jésus, dans le ventre de sa mère, renvoie implicitement au temps eschatologique que nous vivons aujourd’hui: le temps du déjà là et du pas encore: le Christ est vraiment là, présent dans le ventre de Marie, elle a l’assurance de la promesse, elle peut déjà entrevoir le salut qui est à l’œuvre et pourtant elle ne sait pas encore ce que cela pourra signifier concrètement pour elle-même dans sa vie et pour son peuple.
Nous sommes analogiquement un peu dans cette situation où le Christ est déjà venu, il a déjà changé des choses, en nous donnant la certitude de sa présence et du salut, et en même temps nous attendons son accomplissement définitif qui tarde à venir. La création, dit Saint Paul, gémit comme dans les douleurs d’un enfantement qui dure encore (Rm 8, 22).
Les trois acteurs de la visitation
Il y a trois acteurs principaux dans cette scène de l’évangile : Marie, Élisabeth et l’Esprit Saint et chacun de ces acteurs nous rejoints aujourd’hui d’une manière toute spéciale.
Marie :
- elle a déjà dit oui et elle a commencé à accueillir le Christ dans son être profond
- elle est déjà progressivement transformée par cet accueil. Le Christ a déjà commencé à s’installer en elle.
- Elle est déjà mise en mouvement par cette promesse puisque elle entreprend cette route jusqu’à sa cousine Élisabeth
- Elle est déjà porteuse d’une grâce qui la dépasse.
- Elle est déjà tournée vers la réalisation de cette promesse, guettant les signes de cette présence chez les autres et de la fécondité de cette présence.
En même temps, l’enfant n’est pas encore né et nul ne sait ce que sera exactement son avenir concret…
- Il y a encore beaucoup d’incertitudes, de souffrances à venir pour Marie, dans l’immédiat et dans le futur
- mais la promesse est en train de se réaliser: le Christ est là et elle peut déjà appuyer sur cette présence.
Vous l’avez sans doute perçu en écoutant ce que Marie a vécu combien son expérience peut nous rejoindre aujourd’hui :
- Nous aussi, nous avons dit oui à l’Esprit Saint et le Christ a déjà commencé à habiter notre vie, nos habitudes, notre regard sur les autres. Notre vie de foi est déjà profondément marquée par cet accueil.
- Comme Marie, la foi nous a mis en route vers d’autres personnes: beaucoup d’entre nous, nous sommes engagés dans différentes activités pastorales et sociales avec et grâce à notre foi…
- Pourtant il y a beaucoup d’incertitudes, de souffrances, de difficultés à vivre cette foi et à s’engager comme croyant dans l’avenir, mais Marie nous accompagne dans cette route, car, comme elle l’a fait, nous pouvons nous appuyer sur ce qui est déjà établi dans notre relation avec Dieu pour nous engager avec confiance dans l’avenir.
Élisabeth:
Elle a été touchée par la grâce de Dieu alors qu’elle était âgée et stérile. Elle représente notre humanité encore marquée par ses habitudes, par ses manques d’espérance, et ses engourdissements… comme lorsque Jésus invite le pharisien Nicodème à renaître dans l’Esprit Saint et que celui-ci demande à Jésus comment on peut renaître spirituellement, lorsqu’on est déjà vieux (Jn 3).
- Tout à coup elle est renouvelée par la grâce du don de la vie
- un avenir devient enfin possible
- l’accueil de Marie enceinte qui la salue de la part de Dieu lui permet de réaliser que ce don de la vie, qui vient la renouveler en profondeur, vient de Dieu lui-même.
- Cela la rend capable de bénir, d’accueillir cette visite comme une Visitation, c’est-à-dire une visite de la part de Dieu lui-même.
Nous aussi, nous avons nos habitudes, nos difficultés. Parfois, il nous semble que rien ne peut changer, qu’on retombe toujours dans les mêmes péchés, les mêmes enfermements, les mêmes stérilités, qu’il n’y a rien de nouveau à attendre du côté de la foi.
Et pourtant la venue de Jésus qui,
- pour Élisabeth, est encore en germe dans le ventre de Marie
- pour nous aussi est encore en germe puisque le Christ ne s’impose pas de manière explicite, mais se propose dans nos liturgie de Noël,
… cette venue discrète, peut venir vraiment nous redonner l’espérance, nous renouveler en profondeur. Cette fête peut aussi devenir pour chacune chacun de nous une visitation : Dieu lui-même qui vient toucher notre cœur de manière sensible pour nous permettre de réaliser sa présence.
L’Esprit Saint
L’Esprit-Saint est heureux de porter du fruit chez tous ceux qui l’accueillent. Il est l’acteur principal, mais ultra-discret de la rencontre entre Marie et Élisabeth, car c’est lui qui a inspiré Élisabeth et lui a permis de réaliser que Dieu était réellement présent dans cette visitation. C’est lui qui, aujourd’hui, veut nous inspirer pour nous permettre de réaliser que Dieu vient vraiment nous visiter à chaque eucharistie, mais d’une manière toute spéciale en ces fêtes de Noël.