En méditant sur cette fête du baptême du Christ, je me suis posé trois questions, auxquelles j’ai essayé de répondre. Je vous les partage

1- Pourquoi le temps de Noël se termine-t-il par le baptême du Seigneur qui a lieu 30 ans après les événements de Noël ?

2- Pourquoi cette fête est-elle si importante, étant donné que le baptême de Jean était un baptême pour le pardon des péchés et que le Christ n’avait pas de péché ?

3- Finalement, qu’est-ce que le baptême de Jésus nous invite à approfondir dans notre vie spirituelle ?

1- Pourquoi la fête de Noël se termine par le baptême de Jésus ?

Le lien entre le temps de Noël et le baptême du Christ, c’est l’épiphanie : comme les mages ont reconnu dans l’enfant Jésus, celui qui venait accomplir leurs aspirations profondes, celui qui donnait sens à leur vie, celui qui était Dieu venu nous visiter… et qu’ils l’ont manifesté en offrant l’or, l’encens et la myrrhe…

… De même, les disciples de Jean-Baptiste sont aussi des chercheurs de Dieu : l’évangile nous les présente comme un peuple en attente, des gens qui sont à la recherche du Christ et qui se demandent même si Jean-Baptiste n’est pas le Christ.

Et voilà que, comme l’étoile avait guidé les mages jusqu’à l’étable, l’Esprit Saint est descendu sur le Christ de manière corporelle, « sous la forme d’une colombe », en tout cas de manière suffisamment significative pour qu’ils puissent reconnaître l’Esprit Saint et qu’une voix se fait entendre désignant Jésus comme le Fils bien aimé du Père.

Dans la tradition orientale, l’épiphanie et le baptême du Christ sont d’ailleurs une même fête. Les deux épisodes sont bien des manifestations de la divinité de Jésus et le baptême fait finalement bien la jonction entre le temps de la manifestation et le début du ministère messianique de Jésus.

2- Pourquoi le baptême du Christ est-il si important à fêter ?

Si on le voit juste comme une étape préliminaire au ministère public de Jésus, comme un acte assez symbolique où Jésus se fait baptiser uniquement pour montrer sa solidarité avec les hommes pécheurs, alors que lui-même n’a pas péché,… on pourrait se dire que cette étape n’est pas si importante et qu’il aurait mieux valu par exemple fêter le premier miracle de Jésus ou le début de sa prédication….

Mais si on réalise le sens de ce baptême, tel que nous le rappelle la deuxième lecture, on en comprend l’importance. Voici ce que rappelle la lettre de Paul à Tite : 

• Dieu veut que tous les hommes soient sauvés: ce désir touche tous les hommes, quelle que soit leur culture ou leur religion
• ceux qui sont baptisés à la suite du Christ témoignent devant tous les hommes de la proposition qui nous est faite  :
  • Dieu nous propose de renaître dans l’Esprit Saint
  • Il donne l’Esprit Saint en abondance à ceux qui veulent le recevoir
  • ce faisant, il nous ajuste à lui, il nous rend capables d’être en communion avec lui
  • et il nous donne part à la vie éternelle

C’est donc toute la révélation chrétienne qui est en quelque sorte résumée dans le baptême du Christ.

3- Finalement, qu’est-ce que le baptême du Christ nous permet d’approfondir dans notre vie spirituelle ?

Il nous donne une occasion de plus de contempler le mystère de la révélation de Dieu : Dieu a choisi de se révéler, pas uniquement à travers les œuvres de sa création, ou encore par la voix de quelques prophètes ou mystiques, mais de se révéler, lui-même, en Jésus-Christ : ce faisant, Dieu s’est rendu particulièrement accessible. 

• Il est Dieu et il est là, à nos côtés. Il est Dieu et il nous ressemble. On peut penser à lui, on peut le nommer, on peut l’imaginer à nos côtés, on peut lui parler simplement, on peut se laisser toucher et aimer par lui comme on peut l’aimer et le toucher par notre présence.
• Cela nous était révélé par les mages et les bergers, mais en plus, ceux qui étaient présents lors du baptême témoignent dans l’évangile qu’ils ont eux-mêmes vu l’Esprit-Saint descendre sur Jésus et entendu cette voix. C’est donc, alors que Jésus est adulte et qu’il commence son ministère, l’attestation, par Dieu lui-même, de sa présence en Jésus-Christ
• Le récit du baptême est donc pour chacun d’entre nous l’occasion de réaliser le cadeau qui nous est fait de la présence quotidienne de Dieu dans notre vie, de la communion qui nous est offerte avec le Père, par le Fils, dans l’Esprit Saint. Nous sommes fils et fille de Dieu. Ce n’est pas rien !

Le baptême nous permet de mieux comprendre l’articulation entre la promesse de salut faite à tous les peuples et notre rôle spécifique de chrétiens : 

• Nous ne sommes pas chrétiens pour nous, nous ne constituons pas une élite de gens qui seront sauvés, nous ne sommes d’ailleurs en beaucoup de choses ni meilleurs, ni moins bons que les autres. Nous avons le devoir d’espérer que tous les hommes seront sauvés quelle que soit leur religion.
• Notre rôle comme chrétien dans le monde, c’est de montrer au monde la grâce que Dieu veut offrir à tout personne de devenir fils et fille de Dieu. Nous sommes chargés de témoigner de ce que produit en nous la grâce du baptême, la grâce de nous savoir enfant de Dieu, la grâce d’accueillir en nous l’Esprit Saint, la grâce de pouvoir appeler Dieu « père », « abba », « papa ».
• C’est un magnifique cadeau qui nous est fait, une belle grâce, mais aussi une responsabilité: car nous devons témoigner de cela, pas seulement en parole, mais surtout en acte.
• Aux yeux des personnes non chrétiennes, nous devons donc être signes de la beauté et de la force du compagnonnage avec le Christ pour notre vie quotidienne, de telle sorte que les gens, en nous voyant, se disent : il y a chez lui, chez elle, quelque chose qui me donne envie d’accueillir la foi.
• Cela doit se traduire nécessairement en termes d’ouverture, d’accueil, de capacité d’émerveillement, de patience, de bonté, plus qu’en termes de fermeture au monde, de rejet des autres, d’attitude moralisatrice ou d’opposition à tout ce qui nous effraie.

Même si, comme chrétien, nous faisons des choix qui ne sont pas toujours bien compris par la société, notre manière de rendre compte de ces choix, doit toujours être présentée comme un apport positif et jamais comme une condamnation de celles et ceux qui n’agissent pas en fonction de nos repères. Car être fils et fille de Dieu, c’est d’abord un cadeau que Dieu veut offrir à tous !