18 Mar Nous avons de la chance !
Nous avons de la chance ! Les 10 et 24 avril nous pourrons aller voter pour les élections présidentielles et les 12 et 19 juin, nous pourrons choisir nos députés à l’Assemblée nationale.
Notre système politique n’est pas parfait, les candidats ne sont sans doute pas à la hauteur de toutes nos espérances, nous devrons sans doute soutenir de nos voix des candidatures et des partis dans lesquels nous ne nous retrouvons que partiellement… mais nous avons la chance inouïe de faire partie de cette minorité des citoyens du monde qui ont le droit de vote, où les candidats de l’opposition ne sont pas mis en prison avant même de pouvoir parler, où les finances des campagnes électorales sont surveillées, où les temps d’antenne sont partagés, où les débats sont publics, où la corruption politique est limitée…où ceux qui se présentent ne cherchent pas d’abord des avantages matériels et financiers pour eux-mêmes et leur famille, mais cherchent à défendre des idées et des personnes.
Derrière les candidats, il y a aussi des partis politiques, il y a des députés, il y a des maires, il y a des milliers de jeunes qui donnent bénévolement de leur temps et de leurs compétences pour améliorer les conditions de vie des Français, en fonction de leurs convictions. Aller voter, c’est aussi soutenir toutes ces personnes qui s’engagent pour que le monde change.
Nous avons aussi de la chance dans notre paroisse d’avoir beaucoup de personnes engagées sur le plan social et éducatif, attentives aux plus démunis. L’engagement politique a aussi pour but que ces actions puissent être ancrées dans le temps, que la démocratie puisse porter toutes ces valeurs. En allant voter, nous essayons de faire en sorte que ces réalités sociales et éducatives puissent être étendues et rendues pérennes.
Il m’arrive de ne pas être très enthousiaste pour le premier tour et encore moins pour le deuxième, parce que les candidats retenus ne sont pas ceux que j’aurais aimé voir arriver. Mais je crois qu’il faut résister à la tentation de s’abstenir de voter (puisque le vote blanc n’est pas pris en compte) ou de voter, dans un esprit résigné, “pour le moins mauvais” ou “contre celui dont je ne veux absolument pas”. Si des candidats atteignent le second tour c’est que leur programme ou leur personnalité répond à des aspirations profondes de nos concitoyens… essayons de comprendre pourquoi, sans trop vite nous réfugier dans une critique caricaturale de celui qui n’est pas notre favori.
Voter positivement, c’est accepter de regarder le monde et les programmes électoraux dans leur complexité, en refusant les solutions binaires qui consistent à exclure d’emblée tel candidat sous prétexte qu’il ne défend pas clairement une de mes convictions ou à voter au contraire pour ceux qui sont les porte-paroles de slogans qui me plaisent, sans vérifier que l’ensemble de leur programme soit respectueux des valeurs que je veux défendre.
Nous ne votons pas pour un sauveur, mais pour une ou un président(e), entouré(e) d’hommes et de femmes qui, comme chacun d’entre nous, ont leurs limites et leurs atouts. Pour arriver à ce niveau et obtenir l’adhésion de militants plus nombreux, ils ont dû faire des compromis. Cela fait partie de la vie politique avec ses avantages (cela évite les positions extrêmes) et ses limites (démagogie, difficulté à s’opposer aux lobbys soutenus par les médias ou aux avis majoritaires…). Nous ne devons donc pas tout attendre de cette élection. Cependant, ça reste un rendez-vous essentiel de notre vie civique qui nous invite à réaliser cette chance de vivre dans un pays démocratique et nous rappelle aussi la nécessité, à notre niveau, de travailler autour de nous pour le bien commun.
La situation internationale nous rappelle enfin l’importance de notre vote pour la paix dans le monde et autour de nous. La paix n’est pas uniquement l’absence de guerre, c’est la capacité à construire un monde ouvert et accueillant dans un contexte très individualiste où la tentation identitaire est élevée.
Oui, nous avons bien de la chance de pouvoir voter… Ne passons pas à côté.
Henri de La Hougue