16 Déc Pureté rêvée et pureté vécue
Alors que, dans l’Ancien Testament, la recherche de pureté est un désir d’une proximité avec Dieu qui se traduit par le respect de règles strictes dans de nombreux domaines (nourriture, sexualité, maladie, contacts), le désir de pureté est souvent exprimé par des chrétiens, lors de la confession, en lien avec leur difficulté à vivre leur sexualité de manière ordonnée.
L’omniprésence des écrans entraîne chez beaucoup de chrétiens, en particulier chez les jeunes, une dépendance à la pornographie. Et cela engendre une grande tristesse face à un constat d’impuissance à progresser dans ce domaine et une impression d’enfermement.
Ce désir de « pureté », tel que beaucoup l’expriment, rejoint l’expérience fondamentale de notre humanité confrontée au péché avec ces deux dimensions : d’abord un désir de libération face à l’addiction, ensuite aussi un désir profond d’utiliser son énergie, son affectivité, son besoin d’aimer et d’être aimé … de manière féconde pour soi-même et pour les autres.
La prière et la pratique chrétienne des sacrements peuvent jouer un rôle décisif dans cette double quête, à condition toutefois de ne pas rester que des moyens “ extérieurs ” et ponctuels de lutte contre les “ impuretés ”. Certains rêvent en effet parfois de recettes qui pourraient “ de l’extérieur ” les faire revenir à un état de “ pureté ” originelle : la confession fréquente, la prière du chapelet au moment de la tentation …
Malheureusement, si cela peut aider ponctuellement, cela n’est en général pas suffisant. L’addiction à la pornographie est une addiction qui se traite comme les autres, par un sevrage radical ou progressif, tenant compte des situations de chacun, puis surtout par un recentrement de l’attention vers des lieux d’ouvertures spirituelles et humaines qui donnent de la joie et éloignent progressivement des lieux d’enfermement.
La prière et la pratique chrétienne des sacrements pourront, en revanche, apporter une aide profonde si elles deviennent progressivement les moyens d’ouverture à une relation plus intérieure et plus profonde avec le Christ, vécue dans la durée, qui portera alors du fruit dans la relation avec les autres. Cette relation aidera progressivement à remettre les choses à leur place, à gagner en liberté et donnera de la fécondité à l’ensemble de nos actions. Les progrès ne seront sans doute pas immédiatement perceptibles et comporteront quelques rechutes, mais ils permettront d’entrer dans le cercle vertueux beaucoup plus large de la foi, de l’espérance et de la charité.
J’aime bien cette définition du père Teilhard de Chardin : “ La pureté, au grand sens du mot, ce n’est pas seulement l’absence de fautes, ni même la chasteté ; c’est la rectitude et l’élan que met dans nos vies l’amour de Dieu cherché en tout, par-dessus tout ”. (Être plus, cité par l’encyclopédie Théo, 2009, p. 802).
Il est bon, à l’occasion des fêtes de Noël, de demander au Seigneur la grâce de la “ pureté du cœur ”. Cette pureté ne sera pas un retour à une pureté originelle rêvée, mais bien plutôt une grâce d’abandon qui permette à celui qui a partagé pendant plus de trente années une humanité marquée par ses propres addictions et ses propres idéaux de pureté, de nous accompagner dans ce chemin de purification en profondeur vers lequel Dieu nous appelle.
Henri de La Hougue
La Pureté, Louis II de Boullogne, dit Le Jeune, Musée du Louvre