13 Jan La paix à construire
Alors que le conflit en Ukraine s’enlise et que nous nous trouvons bien démunis pour agir en faveur de la paix dans ce pays, il me semble que cela doit nous aider à nous laisser habiter par une détermination spirituelle à faire tout ce que nous pouvons pour être artisans de paix autour de nous, au moins. Nous voyons suffisamment les conséquences de ces violences affligeantes et inhumaines, nous constatons avec effroi les milliards d’euros utilisés en armements pour détruire la vie, alors qu’ils auraient pu contribuer à résoudre tant de conséquences de la pauvreté dans le monde… pour ne pas nous laisser questionner de manière large, sur nos modes de vie et nos manières d’être en relation avec ceux qui nous côtoient chaque jour.
Le concile Vatican II, dans la constitution sur l’Église dans le monde de ce temps (Gaudium et Spes n° 78) nous donne de précieux repères pour nous y aider. Il nous rappelle que :
– la paix n’est pas une pure absence de guerre et elle ne se borne pas seulement à assurer l’équilibre de forces adverses. (…) Elle est le fruit d’un ordre inscrit dans la société humaine par son divin fondateur, et qui doit être réalisé par des hommes qui ne cessent d’aspirer à une justice plus parfaite (…).
– la paix n’est jamais chose acquise une fois pour toutes, mais sans cesse à construire. Comme, de plus, la volonté humaine est fragile et qu’elle est blessée par le péché, l’avènement de la paix exige de chacun le constant contrôle de ses passions et la vigilance de l’autorité légitime.
– la paix ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde du bien des personnes, ni sans la libre et confiante communication entre les hommes des richesses de leur esprit et de leurs facultés créatrices. La ferme volonté de respecter les autres hommes et les autres peuples ainsi que leur dignité et la pratique assidue de la fraternité sont absolument indispensables à la construction de la paix.
Ainsi la paix est-elle aussi le fruit de l’amour qui va bien au-delà de ce que la justice peut apporter.
Aussi, en ce début d’année nous sommes vraiment invités à nous investir dans cette paix à notre petit niveau : familial, professionnel, dans notre voisinage, dans notre paroisse. Plus nous construisons des choses positives autour de nous, plus nous contribuons à la paix dans le monde… moins nous cédons à la critique stérile ou à la peur de ne plus pouvoir vivre les choses « comme avant ».
Parmi les défis pour vivre positivement cette paix dans notre paroisse, il y a le décalage de générations entre : les anciens, qui ont pour la plupart plus de 70 ans et sont installés dans le quartier, quelques jeunes ménages qui s’y installent mais ont des vies professionnelles très denses, nos colocataires pleins de dynamisme et beaucoup de jeunes qui s’investissent dans les maraudes et la « vie paroissiale » du dimanche soir, mais qui n’habitent pas le quartier.
De beaux liens s’établissent progressivement, notamment grâce aux diners-tournants, à l’investissement des colocataires dans l’animation de la messe de 11h, au groupe de prière, etc. Cela crée une belle complémentarité, encore à développer.
Le grand spectacle immersif « Paris née de la lumière » qui aura lieu entre octobre et novembre 2023 sera une excellente occasion d’approfondir encore ces liens intergénérationnels car nous aurons besoin de tous pour répondre à ce beau défi.
Henri de La Hougue
Le sermon sur la montagne – fresque de Fra Angelico (1442), couvent San Marco – Florence