14 Avr La Miséricorde divine
Lors de la canonisation de Sœur Faustine, en l’an 2000, le pape Jean-Paul II a demandé que soit étendue au monde entier une fête instituée en 1985 dans le diocèse de Cracovie, puis étendue à toute la Pologne en 1995 : la fête de la “miséricorde divine”, le dimanche après Pâques.
Pourquoi cette insistance sur la miséricorde ?
La miséricorde est au cœur du message biblique, elle trouve son aboutissement dans l’incarnation, la mort et la résurrection du Christ. Et il était dommage qu’il n’y ait pas de moment liturgique où nous puissions fêter de manière explicite ce don essentiel fait à l’humanité. Le dimanche après la résurrection convient tout particulièrement puisque, grâce à la résurrection, nous avons l’assurance que la miséricorde de Dieu, manifestée par la vie entière de Jésus, trouve son accomplissement dans sa passion et sa résurrection.
Il est vrai que le mot miséricorde, dans le langage courant, a souvent pris un sens un peu réducteur et condescendant : avoir pitié d’un pauvre, faire grâce à un condamné, ou savoir pardonner.
En réalité, dans la Bible le concept de miséricorde a un sens beaucoup plus large. Dans l’Ancien Testament, il se rattache à deux mots hébreux :
- Rahamim: attachement instinctif et premier à un être [les entrailles de la mère, le cœur d’un père (Jr 31,20; Ps 103, 13) ou d’un frère (Gn 43, 30)], ou encore : la tendresse, la compassion, le pardon des offenses.
- Hesed : la fidélité, la piété, la relation fidèle entre deux êtres…
Ces deux mots sont traduits généralement par : miséricorde, amour, tendresse, pitié, compassion, clémence, bonté, grâce…
Dans le Nouveau Testament, Jésus est le visage de la miséricorde du Père. Il accueille les pécheurs qui trouvent en lui un ami ; il est touché aux entrailles, quand il voit le fils unique d’une veuve qui est décédé ; il est attentif à chacun : aux femmes comme aux hommes, aux adultes comme aux enfants, aux juifs, comme aux samaritains ou aux étrangers, à toutes ces personnes qui n’étaient pas bien prises en considération par les élites religieuses de son époque.
Aux pécheurs qui se sont exclus du Royaume de Dieu il proclame la Bonne Nouvelle de la miséricorde de Dieu, il met en valeur les pécheurs repentants, comparables à des brebis perdues et retrouvées.
Il présente Dieu comme un Père à l’affût du retour de son fils pécheur, bien que ce dernier ait dilapidé l’héritage familial, qui est touché de compassion quand il l’aperçoit de loin et court à sa rencontre pour le rétablir dans sa dignité de Fils.
Il invite ses disciples à être miséricordieux comme le père est miséricordieux, à accueillir la logique de tendresse et d’amour de Dieu qui doit nous rendre, comme le Bon Samaritain, proches de ceux qui ont besoin de nous.
D’après l’évangile de Matthieu, c’est sur la miséricorde que nous avons exercé à l’égard des autres que nous serons jugés.
Notre monde est souvent difficile à vivre car l’esprit de compétition et le désir d’avoir toujours plus créent de grandes frustrations. Or la miséricorde, elle, est gratuite et accessible à tous : tout le monde peut la donner et la recevoir… et notre monde en a tellement besoin !
La miséricorde, c’est l’outil privilégié de Dieu pour mettre en œuvre son plan de salut. C’est à nous d’en être témoins, par notre regard aimant, notre désir de faire et de dire du bien. Que cette miséricorde habite notre cœur durant tout ce long temps pascal.
Henri de La Hougue
Le retour du fils prodigue, Valentin de Boulogne, huile sur toile, Metropolitan Museum SL.10.2016.6.1