24 Mai Le Christ, prêtre éternel et souverain
Le jeudi après la Pentecôte dans l’ordo liturgique propre à la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, nous fêtons “Jésus-Christ, prêtre éternel et souverain”. Il n’est pas très étonnant de s’attacher à la figure du Christ prêtre, dans une Compagnie dédiée à la formation des prêtres. D’ailleurs, la fête du “Sacerdoce de Notre Seigneur” est la plus ancienne des fêtes particulières célébrée au Séminaire Saint-Sulpice.
Mais cette fête n’est pas seulement une manière de mettre en avant la figure du prêtre comme représentant du Christ dans les sacrements qu’il préside, elle nous invite à creuser cette dimension sacerdotale de la vie du Christ, de sa passion et de sa résurrection.
De quoi s’agit-il ?
Cette fête est centrée sur la figure du Christ grand prêtre, développée dans l’épître aux Hébreux. À l’époque de Jésus, dans la pratique juive, le grand prêtre entrait une fois par an dans le lieu le plus sacré du temps, le Saint des Saints et, après avoir offert des sacrifices pour ses propres péchés, offrait un sacrifice pour le péché du peuple. Il répandait le sang de l’animal sacrifié (qui symbolisait la vie du peuple pécheur) sur l’arche d’alliance, puis récupérait le sang ainsi purifié et le reversait sur le peuple en signe du renouvellement de l’Alliance jusqu’à l’année suivante.
L’épître aux Hébreux relit la mort du Christ et son sang versé pour le monde comme l’acte “sacerdotal” par excellence (= qui sanctifie le peuple) du Christ grand prêtre qui, contrairement au grand prêtre de l’ancienne Alliance, offre un sacrifice avec son propre sang, qui est déjà pur, et le donne pour une alliance nouvelle et éternelle. Ainsi, par l’offrande de sa vie, le Christ devient le Prêtre par excellence, éternel ou souverain ; le médiateur parfait entre Dieu et les hommes, puisqu’il est l’un et l’autre.
En fêtant Jésus-Christ, prêtre éternel et souverain, l’ordo liturgique de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice nous amène d’abord à réaliser la force de notre foi chrétienne qui nous donne, par le sacrifice du Christ, la possibilité de recevoir constamment le pardon de nos péchés et de participer à la vie même de Dieu.
Il nous invite ensuite à rendre grâce pour le ministère des prêtres qui, au jour de leur ordination, s’engagent à “s’unir davantage au souverain prêtre Jésus-Christ qui s’est offert pour nous à son Père comme victime sans tache et à se consacrer à Dieu avec lui pour le salut du genre humain” (rituel de l’ordination).
Il nous conduit, enfin, à réaliser que, par le baptême, tous les baptisés sont, eux aussi, configurés au Christ prêtre, capables d’offrir leur propre vie et celle du monde à Dieu par leur prière ; c’est ce qu’on appelle le “sacerdoce commun” des fidèles, complémentaire du “sacerdoce ministériel” des prêtres.
Car, à bien y regarder, ce qui se joue dans chaque célébration eucharistique, c’est une vraie complémentarité entre la prière du peuple qui porte ses intentions au Père et la prière du prêtre qui rend cela possible en resituant cette prière dans l’unique sacrifice du Christ avec l’ensemble de la communauté.
Cela est tout à fait “palpable” lorsqu’une personne confie une intention particulière pour la messe : qui d’autre qu’elle, peut présenter au Père toute l’intensité et la force de cette intention ? Et, en même temps, le prêtre qui préside l’Eucharistie lui permet d’être assurée que sa prière a bien été présentée au Père par le Christ dans l’Esprit Saint, que sa prière a été entendue et qu’en retour, le Christ vient se donner à elle au moment de la communion.
Jésus-Christ est prêtre éternel et souverain : il nous donne la grâce de pouvoir rester toujours en communion avec lui malgré nos fautes et nous guide ainsi jusqu’à la vie éternelle.
Merci Seigneur !
Père Henri de La Hougue