23 Nov Une magnifique aventure
57000 spectateurs, 69 représentations, plus de 560 bénévoles, 180 figurants de 2 à 86 ans, 300 costumes, 30 perruques, 20 000 tracts distribués, des affiches grand format dans le métro, des articles dans les journaux, des reportages vidéo…
Le pari fou de faire un grand spectacle sur l’histoire de la construction de Saint-Sulpice a été bien relevé. Car c’était un pari fou : écrire un scénario pour raconter en une heure et demi 150 ans d’histoire de l’église, oser imaginer que nous pourrions intéresser autant de spectateurs à cette histoire, oser croire qu’on allait réussir à trouver autant de figurants et de bénévoles sur une durée aussi longue, qu’on allait parvenir à concilier le spectacle avec les travaux d’électricité, obtenir toutes les autorisations nécessaires de la préfecture et de la ville, récupérer la mise de fonds très importante effectuée par la société de production…
Malgré l’inconfort que le spectacle a entraîné dans la vie quotidienne de notre paroisse, tant par le préjudice esthétique de l’église, que par la nécessité de déplacer nos messes de semaine à la chapelle de l’Assomption, puis d’interrompre plusieurs activités pastorales pendant les représentations, le bilan de ce spectacle qui se termine ce samedi soir est extrêmement positif.
Les fruits sont très nombreux et ils vont porter notre vie paroissiale durant des mois. “À chaud”, j’en recueille cinq :
- Nous avons d’abord vécu, depuis plus d’un an, une aventure communautaire extraordinaire avec ce projet porté par la paroisse tout entière, depuis la distribution des tracts, les témoignages que nous avons pu faire, les rôles que nous y avons joués, le soutien logistique que nous avons apporté.
- Nous avons eu la joie de faire connaître à un plus vaste public l’église Saint-Sulpice, indépendamment de son rôle de “cathédrale de substitution”: sa place importante dans l’Histoire de France et la foi qui l’anime depuis le 17e siècle jusqu’à aujourd’hui. Car si le spectacle est centré sur la période de construction, le fait qu’il soit porté entièrement par des bénévoles, depuis les figurants jusqu’à l’accueil des spectateurs, avec aussi la présence des prêtres de la paroisse à toutes les représentations, a constitué un beau témoignage de la vitalité de notre paroisse aujourd’hui. Le public l’a vraiment senti. Chaque soir, avec tous les bénévoles et les figurants présents, nous avons été vraiment fiers de dévoiler au public, l’écrin dans lequel se vit notre foi quotidienne. Et nous sommes fiers de continuer à raconter à nos proches la beauté de cette aventure et de témoigner, à cette occasion, du dynamisme de ce qui se vit dans notre paroisse.
- Il s’est créé une magnifique cohésion entre les figurants, les bénévoles, le réalisateur et la société de production. Le spectacle a soudé les intervenants, en créant même de belles amitiés et des liens qui resteront. Il a donné à de nombreux bénévoles l’occasion de s’investir pour la première fois dans une activité à Saint-Sulpice. Il a permis de découvrir des talents cachés et à rendu possible des collaborations insoupçonnées. Beaucoup en sortent très positivement marqués. Tenir les représentations pendant un mois et demi, un soir sur deux, a été parfois éprouvant, mais la fin du spectacle va laisser pour beaucoup un grand vide, tellement le spectacle a donné de la joie à ce qui est devenu, au fil des jours, une véritable troupe de comédiens. Beaucoup demandent déjà quand aura lieu le prochain spectacle…
- “C’est la première fois de ma vie que j’entre dans une église” confiait une spectatrice à sa voisine tandis que je passais à côté d’elles. Beaucoup de spectateurs étaient chrétiens engagés et pratiquants, mais une partie d’entre eux étaient des personnes beaucoup moins habituées à entrer dans une église et ils ont pu, à travers cette rétrospective historique, découvrir une Église vivante, susceptible de porter un beau message pour notre temps. Les courtes discussions entre le public et les “gilets bleus” (équipe d’accueil) ou les figurants, à la fin du spectacle, montrent qu’il n’a pas été beau que pour les yeux, mais qu’il a vraiment touché le cœur de certains.
- Le témoignage de la foi par l’art a toujours été le souci des constructeurs de cathédrale et d’églises. C’était le cas pour Saint-Sulpice ; Il s’agissait, par l’architecture, les vitraux, la musique, la sculpture, la peinture et même la science (pour le gnomon) d’aider les visiteurs à saisir, par les sens, le mystère de la foi. L’idée de rendre compte aujourd’hui, par un son et lumière, de la vitalité de l’église au cours de son histoire, de son architecture, de son projet pastoral s’inscrit vraiment dans cette perspective du témoignage de la foi par l’art. Les projections de lumière et de son ne sont pas réservées aux grandes célébrations profanes ou aux grands artistes contemporains. L’Église doit elle aussi, lorsqu’elle en a l’occasion, y prendre sa part, pour témoigner avec les moyens qui touchent le plus grand nombre, de la vitalité de sa foi et de sa capacité à rejoindre les passionnés de spectacle.
Alors, au nom du Conseil pastoral, je voudrai vraiment vous remercier, tous et chacun, pour ce magnifique défi que nous avons pu relever ensemble et vous dire notre admiration pour toute la vitalité de la foi, de l’espérance et de la charité dont a témoigné la réalisation de “Paris Cœur de Lumières, le Roman de Saint-Sulpice”.
Henri de La Hougue