03 Jan Une année jubilaire, pour quoi faire ?
Le principe des années jubilaires est tiré de la Bible. Le mot “jubilé” est d’ailleurs un mot d’origine hébraïque (“yovel”).
Tous les 7 ans, en commémoration du 7e jour de la Création où Dieu se reposa (le sabbat), était instituée une année sabbatique pendant laquelle la terre était mise en jachère. Pour célébrer la libération de l’esclavage en Égypte, après 7 années sabbatiques, la 50e était déclarée jubilaire (Lv 25, 8-13). Cette année devait permettre à chaque juif de recommencer une nouvelle vie sur des principes égalitaires : les esclaves devaient être affranchis et recevoir une allocation leur permettant de recommencer une nouvelle vie, les dettes devaient être remises et les terrains achetés devaient retourner à leur propriétaire d’origine. Sur le plan agricole, cette année était aussi un temps de jachère pour retrouver la simplicité d’une vie remise entre les mains de Dieu.
Jésus inaugure son ministère à la synagogue de Capharnaüm en commentant le livre d’Isaïe (62, 1-2) qui décrit les grâces de l’année jubilaire “L’Esprit m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur” et en commentant : “Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre”. (Lc 4, 21)
Depuis le Moyen-âge, l’Église catholique a repris cette habitude de proclamer des années jubilaires, d’abord tous les 100 ans, puis tous les 50 ans, puis tous les 25 ans. Cette année jubilaire régulière est l’occasion de faire tous ensemble une relecture de nos vies à la lumière du Seigneur et de repérer comment avancer sur le chemin de la sainteté. Le pape François a choisi comme thème pour cette année “Pèlerins d’espérance”, en pensant aux défis que les 25 dernières années nous ont invités à relever : le COVID, la prise de conscience du réchauffement de la terre et de la question écologique, la pauvreté croissante et les guerres qui continuent.
Comment vivre ce Jubilé ?
La première manière, et la plus importante, est sans doute de profiter de cette année jubilaire pour consacrer notre attention spirituelle à une relecture de notre vie chrétienne sur plusieurs années : prendre conscience de son évolution et décider résolument de poursuivre ou d’orienter les prochaines années sur un chemin de foi, d’espérance et de charité.
La tradition biblique du Jubilé nous invite à faire de cette année 2025, une année spécialement orientée vers la miséricorde : un lâcher-prise pour réaliser combien Dieu est déjà à l’œuvre dans nos vies, un décentrement de nous-mêmes pour être plus attentifs aux besoins de ceux qui nous entourent et une attention à mettre en œuvre une justice divine appuyée sur la libération, la miséricorde et la gratuité.
Nous pouvons confier tout particulièrement cela à Dieu dans notre prière en ce début d’année jubilaire, mais pour nous aider à en faire une orientation marquante tout au long de l’année, l’Église nous propose de poser 6 démarches symboliques (https://www.iubilaeum2025.va/fr.html) :
- accomplir, seul ou à plusieurs, un pèlerinage dans un lieu saint pour marquer notre désir d’orienter résolument notre vie vers Dieu, comme le faisait la Sainte Famille en se rendant chaque année en pèlerinage au temple de Jérusalem ;
- franchir une Porte Sainte en pensant à cette parole de Jésus “Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage”. (Jn 10, 9) ;
- profiter de cette année pour recevoir régulièrement le sacrement de la réconciliation ou pour le (re)découvrir ;
- accorder une attention toute particulière à la liturgie, c’est-à-dire aux célébrations communautaires de la foi, de telle sorte que celle-ci ne soit pas une démarche individualiste mais une démarche où chacun pourra s’appuyer sur les autres pour progresser ;
- approfondir notre foi en nous formant, notamment autour du Credo, en cette année où nous fêtons le 1700e anniversaire du Concile de Nicée (325) sur lequel est principalement basé notre Credo de “Nicée-Constantinople” ;
- demander et recevoir une “indulgence” pour réparer les peines provoquées par notre péché.
Nous pourrons revenir sur ces différents points, mais d’ores et déjà nous pouvons confier à Dieu, en famille ou individuellement, cette année jubilaire pour faire de cette année une année Sainte.
Bonne et Sainte année !
Henri de La Hougue