Aimer Dieu et aimer son prochain

Après avoir pris le temps de contempler l’amour de Dieu à travers la création, saint Augustin nous amène, en cette deuxième semaine de notre parcours de carême, à méditer sur le lien entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain.

Grâce à un premier texte, il nous aide d’abord à distinguer deux types d’amour :

• un amour plénier (en latin frui) : aimer une chose, une personne pour elle-même et non pour ce qu’elle nous apporte.
• un amour utile (en latin: usi): aimer une chose ou une personne parce que cela nous est utile pour aller plus loin.

Pour Augustin, ces deux formes d’amour sont nécessaires, mais ont chacune leur limite :

• l’amour plénier doit être ultimement orienté vers Dieu sinon il risque de nous ralentir dans notre marche vers Dieu, voire de nous bloquer si nous idolâtrons une chose ou une personne ;
• l’amour utile est nécessaire pour nous permettre d’avancer (on aime une chose ou une personne aussi parce que ça nous fait du bien, parce que ça nous donne des repères pour progresser dans l’amour), mais il est toujours à purifier parce qu’il risque de ne pas être chaste et de ne pas rechercher le bien de la personne avant le nôtre.

En ce temps de carême, Augustin nous invite à réfléchir sur notre manière d’aimer le prochain :

• être reconnaissant pour ce que nous recevons des autres et voir comment cela nous est utile pour progresser dans notre amour de Dieu et notre désir de partager un jour sa vie divine ;
• apprendre à aimer les choses et les personnes sans se les accaparer, à aimer les personnes gratuitement, pour elles-mêmes, en cherchant d’abord leur bonheur, avoir un regard chaste sur les choses et les personnes ;
• ne jamais nous laisser accaparer par l’amour des choses ou des personnes au point que cela nous empêcherait d’avancer vers Dieu.

Dans un commentaire spirituel de la guérison du paralytique de Béthesda (Jn 5, 8), saint Augustin insiste sur la complémentarité de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain :

• l’amour de Dieu est premier dans l’ordre du précepte,
• l’amour du prochain est premier dans l’ordre de la pratique.

Celui qui veut avancer vers Dieu, qu’il ne voit pas directement, doit le faire en aimant son prochain, car c’est grâce à l’amour désintéressé du prochain qu’il découvre Celui qui est la source de tout amour : Dieu lui-même.

En pensant à sa propre conversion, à son grand désir de marcher vers Dieu et à sa difficulté de savoir comment progresser de manière efficace dans cette marche, saint Augustin relit cette invitation de Jésus : “Lève-toi, prends ton brancard et marche” (Jn 5, 8), comme une invitation adressée à chacun :

“lève-toi” = par grâce, tu es désormais converti, élevé vers Dieu. Ta guérison entraîne pour toi deux obligations :

• “prends ton brancard” = “aime ton prochain”,
• “marche” = en aimant ton prochain, avance vers le Seigneur !

Et nous, que faisons-nous pour aimer notre prochain ?

Comment l’amour du prochain nous aide-t-il concrètement à avancer vers Dieu ?

Henri de La Hougue