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Comment s’aimer soi-même ?

Comment s’aimer soi-même ?

La semaine dernière, les textes de notre parcours de Carême nous invitaient à méditer sur le lien entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Cette semaine saint Augustin nous propose de nous arrêter à la deuxième partie du commandement: “aimer son prochain comme soi-même”: Que veut dires’aimer soi-même ?”

Augustin ne traite pas la question sous l’angle psychologique de la nécessaire estime de soi pour aimer l’autre en vérité et toute en liberté, mais sous l’angle plus large de l’ouverture spirituelle à Dieu : l’amour de soi authentique est intimement lié à l’amour de Dieu. Si quelqu’un croit s’aimer, mais n’aime pas Dieu, en réalité il ne s’aime pas et devient même son propre ennemi.

  • En effet, l’amour de soi, lorsqu’il est mal ajusté et s’oppose à l’amour de Dieu, centre la personne sur elle-même et la détourne des autres… si bien qu’il l’isole et la prive progressivement de sa capacité à aimer vraiment.
  • Au contraire, lorsque l’amour de soi est enraciné dans l’amour de Dieu, il permet à la personne de s’émerveiller des dons reçus de Dieu, de découvrir la force de la présence divine qui l’habite et de porter des fruits d’amour extrêmement féconds autour d’elle.

Ai-je conscience que Dieu me demande de m’aimer ? Qu’est-ce que Dieu aime en moi ? Qu’est-ce qu’il me demande de mettre en valeur dans ma vie ?

Qu’est-ce que j’aime et qui est bon pour moi ? Qu’est-ce que j’aime et qui n’est pas bon pour moi ?

Quand Augustin dans son célèbre passage de la Cité de Dieu oppose “l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi” qui construit la “cité de Dieu” et “l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu” qui construit la “cité terrestre”, il perçoit bien que la difficulté ne vient pas de l’amour de soi en tant que tel, mais du fait d’envisager cet amour de soi indépendamment de l’amour de Dieu ; d’envisager la cité terrestre sans la présence de Dieu.

Au contraire, celui qui aime Dieu peut, avec joie, découvrir qu’il est habité par la présence divine et trouver Dieu au-dedans de lui-même, comme nous le précise saint Augustin dans ses Confessions: “Lorsque j’aime mon Dieu, c’est la lumière, la voix, l’odeur (…) de mon être intérieur que j’aime”.

Ai-je fait, comme saint Augustin, l’expérience de la présence de Dieu en moi ?

Comment, dans ma vie, se déroule le combat entre la “cité terrestre” et la “cité de Dieu” ? Qu’est-ce que le Seigneur m’invite à abandonner ? Qu’est-ce qu’il m’invite à développer ?

L’amour de soi a évidemment des conséquences sur la manière d’aimer le prochain, puisqu’on doit aimer son prochain “comme soi-même”. Augustin montre bien ce lien : 

  • si quelqu’un se renferme sur lui-même et cherche son bonheur dans des plaisirs futiles, ou dans des choses matérielles, ne va-t-il pas entraîner ses amis dans cette même logique ? “On attire forcément celui que l’on aime vers les choses qu’on aime”, dit Augustin ;
  • si au contraire on cherche vraiment à aimer Dieu “de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force”, on va découvrir combien la présence bienfaisante et aimante de Dieu nous aide à faire face aux défis de notre vie et on sera capable non seulement d’aimer l’âme que Dieu a progressivement façonnée en nous, à son image, mais également d’aimer notre prochain comme Dieu lui-même l’aime. 

Le prochain est donc non seulement celui qui a besoin de moi, mais il est aussi celui que Dieu a placé sur ma route pour que je ne m’égare pas dans ma recherche d’amour de moi et que je me recentre sur ce qui me fortifie réellement : l’amour de Dieu. 

Ai-je fait l’expérience de me sentir “grandi” aux yeux de Dieu en ayant aimé mon prochain ?

Henri de La Hougue

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