
25 Avr Heureux celui qui croit sans avoir vu
“Si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas !” Merci Thomas d’avoir osé exprimer tout haut ce que les autres pensent tout bas !
Car, à regarder de près les textes d’apparition, on s’aperçoit qu’il n’y a pas que Thomas qui doute. Luc nous rapporte qu’en entendant les trois femmes leur annoncer que le Christ était ressuscité, les apôtres ont pensé qu’il s’agissait d’un délire et refusaient de les croire (Lc 24,11). Même après la première apparition à Pierre, les onze apôtres sont si effrayés et remplis de crainte, lorsque Jésus leur apparaît, qu’ils “pensaient voir un esprit”, nous dit l’évangéliste (Lc 24,36).
Comment, raisonnablement, accepter l’idée qu’une personne puisse ressusciter alors qu’on l’a vu morte au pied de la croix et déposée au tombeau avec le cœur transpercé ? Ces apparitions fugitives ne sont-elles pas des visions, des hallucinations ? Pourquoi Jésus n’est-il pas facilement reconnaissable ?
Alors ne soyons pas étonnés s’il nous arrive nous aussi d’avoir des doutes sur la résurrection du Christ, tellement la résurrection d’un homme sort du champ de notre expérience sensible.
Oui, il peut être légitime d’avoir des doutes sur la résurrection du Christ et le contraire serait même un peu inquiétant car la foi risquerait de se transformer en crédulité.
Or l’Esprit Saint nous a donné les dons de l’intelligence et de la science comme instruments nous en servir pour entrer plus avant dans le mystère de Dieu.
Douter n’est ni un péché, ni une difficulté dans la foi, si cela nous conduit à utiliser notre intelligence et nos sens pour entrer plus en profondeur dans le mystère de Dieu ; mais douter devient une difficulté et même un péché, si ce doute nous enferme dans le refus systématique de Dieu ou de tel élément de la foi.
Thomas était apparemment dans cette deuxième catégorie, puisqu’il a décidé de ne pas croire sans voir… d’où le reproche du Christ “heureux celui qui croit sans avoir vu”, mais il ne s’est pas enfermé trop longtemps dans son refus d’admettre la résurrection. Au contraire, son doute l’a amené à comprendre que si vraiment Jésus pouvait ressusciter c’est qu’il était nécessairement Dieu. Une fois sorti de son enfermement, il peut alors faire la plus belle profession de foi de tout l’Évangile: “Mon Seigneur et mon Dieu !”
Ne craignons pas d’affronter nos doutes, de questionner et d’approfondir notre foi à la lumière de notre intelligence ; et si, personnellement, nous ne savons pas très bien comment accepter raisonnablement l’idée de la résurrection, nous pouvons nous appuyer sur les témoignages de tant d’apôtres et de témoins qui ont donné leur vie pour en témoigner depuis des siècles.
Henri de La Hougue
L’Incrédulité de saint Thomas, Le Caravage, 1602, huile sur toile, Palais de Sanssouci